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PTAH, et la parole égarée

 

Abandonné à mes rêveries… suivant un parcours complexe où je me suis souvent perdu… trop accroché à des principes, à des aprioris et à des connaissances acquises… Je me suis préoccupé à percer ce lourd et mystérieux secret :

Découvrir l’origine probable de la Parole égarée.

 

PTAH est un dieu de l’Egypte la plus ancienne. C’est le créateur, potier et artisan du monde… le souffle précurseur du logos. Personnage androgyne reconnaissable à son crâne rasé, comme l’était ceux des prêtres… toujours serré dans un vêtement de lin blanc.

Il est celui qui donne forme… Celui qui fait germer les minéraux dans le ventre de la terre… Celui qui organise les rivages… Il est la source de toute chose.

Issu et compris dans NOUN, il a donné vie aux êtres par l’action de sa parole et de son cœur.

PTAH maîtrise la voix et les sons de ce qui provient du cœur… comme le montre le hiéroglyphe NEFER (cœur surmonté de la trachée artère).

De NOUN, PTAH fit jaillir la bulle de vie, l’œuf cosmique, d’où sorti la lumière et le soleil.

D’une manière plus populaire, PTAH était personnifié par un potier assis devant son tour… car il avait façonné les êtres (et leur double) au commencement du monde.

 Il faut descendre dans les profondeurs, pour rejoindre le Saint des Saints… pour tenter d’essayer d’ouvrir la voie libératrice que nos anciens et les sages nous ont tracés… Pour enfin, tenter de découvrir et pourquoi pas… de libérer le secret de la connaissance antique.

Mais voilà… Pour se sentir « libre »… il faut mettre de côté certaines choses.

On peut subir son passé toute sa vie… Il restera toujours en nous de lourds héritages…

« Qui connaît les autres est avisée.

            Qui connaît lui-même est éclairé.

                        Qui triomphe des autres est robuste.

                                   Qui triomphe de soi est puissant ».

 

Un ami, aujourd’hui disparu… qui était un grand philosophe, historien et écrivain… disait, dans l’un de ses livres en parlant de la lumière : « Dans les ténèbres qui nous entourent, elle peut nous permettre de trouver, de retrouver notre chemin ».

J’ai compris alors que la vraie réussite serait la vraie connaissance de soi-même.

Et pour construire sa vie ou son Temple intérieur… il faudra savoir exploiter l’immédiat… être attentif, être à l’écoute… être curieux et patient… être vigilant, juste, sincère et toujours honnête avec soi-même.

L’essence des vraies valeurs prend un sens… et par conséquent, ses sentiments, ses émotions et surtout ses aprioris devront progresser.

 

Avant de vous inviter à me suivre dans le labyrinthe compliqué de mes réflexions…

Et pour mieux comprendre le sens de mon burinage… je me suis amusé à faire quelques recherches parallèles… comme par exemple, changer le sens des mots dans une phrase.

Permettez-moi de vous rappeler rapidement certaines explications des mots clés de ma réflexion, tels que les mots : Parole... Perdu… Silence… et Secret.

― Le mot : Parole.

Il est dit dans les dictionnaires… Je cite : « Faculté naturelle de parler… S’exprimer oralement… Mot ou suite de mots et de phrases ».

La parole crée… elle est pure énergie. Elle est le produit de la réalité et les met en activité… Les paroles et les sons qui les accompagnent, ne sont plus rattrapables.

― Le mot : Perdu.

« Dont on est définitivement privé… en parlant d’un bien ou d’un avantage… Que l’on ne retrouve plus… Qui est égaré… Qui échappe à toute direction ou à tout contrôle ».

― Le mot : Silence.

« Absence de bruit… C’est une action… se taire ou garder le silence ».

Un silence est souvent plus éloquent que la parole.

Le M S les deux doigts sur la bouche (Signe du silence) indique que le secret ne peut être une chose, un mot, une pensée ou un discours.

C’est un état de fait, qui distingue ce qui est invisible aux autres.

― Et enfin, le mot : Secret.

« C’est ce qui doit être caché… Discret… Silencieux… Ce qui a de plus caché et de plus intime ».

Le secret n’a qu’une valeur, que s’il est disponible et transmissible.

Le possesseur du secret jouit d’un pouvoir sur les autres.

 

Et puis, j’ai inversé le sens des phrases… inversé les mots :

« Il a perdu la parole » :

Dans cette courte phrase… Il ne parle plus. Il ne le peut plus physiquement. Il est désormais dans le silence et dans l’impossibilité de pouvoir communiquer verbalement et oralement. Il possède des mots, des connaissances… mais il ne peut plus en parler avec des sons. Il faudra donc qu’il puisse s’exprimer autrement et d’une autre façon.

 

« Il a, la parole perdue » :

Ici, en principe… il peut toujours parler. Mais il ne le peut plus, parce qu’il a perdu ce qu’il voulait dire. Soit, parce qu’il a une mémoire totalement défaillante… Soit, parce qu’il est devenu amnésique… ou qu’il a tout égaré.

Ou bien encore, parce qu’il n’a pas été informé. Par conséquent, il ne peut pas les dire. Les informations ont disparues. C’est perdu, évaporé ! Tout comme si l’on gravait des mots dans le sable, et que, dès la première vague… tout s’effacerait !

Bien…

Disons que cette parole existe toujours et qu’elle aurait été transmise oralement, dans le secret… mais qu’elle est désormais « Sous silence ». Seuls, quelques initiés en ont la connaissance. Pour qu’elle nous soit transmise, il faudra à notre tour, être initiable… Tel le passage du bâton dans un relais quatre fois 100 mètres. Ainsi, elle pourra perdurer et continuer d’être et d’exister.

Je me trouve dans la situation du relayeur… J’ai le bâton bien en main… prêt à le passer à un autre. Mais la personne la plus proche est trop éloignée de moi. Comment faire alors ?... Et de quelle façon vais-je pouvoir transmettre ? Je ne sais pas ! Ce bâton me semble soudainement peser des tonnes. Tout comme s’il possédait un lourd secret inexplicable.

 

La parole est perdue depuis le meurtre d’un Grand Prêtre.

Il nous manque la parole et on ne peut se faire reconnaître que par des mots de substitutions.

A la recherche de ce qui manque… il faudra beaucoup de patience et de travail pour posséder la puissance du créateur… C'est-à-dire : pouvoir créer, concevoir, inventer, et produire du sens à mon tour.

J’imagine que pour mériter cette récompense et de cette connaissance… il faudra faire de gros efforts… et suivre une route difficile.

Malheur à qui  aspire, à ce dont il est indigne… à qui assume une charge qu’il ne peut pas porter… à qui accepte légèrement des devoirs, et qui ensuite les néglige. Le devoir est pour nous aussi inflexible que la fatalité. En toutes circonstances le devoir est pour nous aussi exigeant que la nécessité.

A chaque heure de notre vie, dans le tumulte de la cité, comme dans la solitude du désert, le devoir est pour nous impératif comme le destin.

La vérité est la lumière placée à la portée de tout homme qui veut ouvrir les yeux et qui veut regarder.

La grande route du devoir y conduit sûrement.

 

Cette clé que l’on a transmise, me permettra certainement d’ouvrir davantage notre curiosité et notre ascèse, afin que nous puissions aller vers une progression positive et constructible.

Elle permettra peut-être, demain… de mieux comprendre ce que nous ne comprenons pas aujourd’hui.

Mes pairs m’ont mis sur le chemin du devoir. C’est un héritage fragile et précieux.

Pourtant, parfois… J’aurais aimé… tout comme Apollon… me retirer pour aller vivre avec les Hyperboréens… voire éventuellement, les belles Hyperboréennes !... Aller dans ce merveilleux endroit paradisiaque où il n’existe pas de maladie… où l’on ne connait pas la vieillesse, ni le travail, ni l’argent, ni les combats… ni le désir de dominer l’autre.

Où il règne l’amour et le plaisir… dans le respect, et dans la plus totale simplicité !

Oui, c’est vrai !... J’ai pensé à fuir devant tant de difficultés et d’intrigues de notre civilisation !

Désigné et reconnu… nous aspirons de s’élever et pénétrer les hauteurs ainsi que les profondeurs de la connaissance spirituelle.

Découvrir sa propre lumière intérieure et obtenir un élargissement de tout son être.

Par conséquent, apprendre et découvrir tout ce qui est dedans, mais aussi, tout ce qui est au dehors.

N’étant pas attaché à aucune religion… Ayant du mal à être convaincu… Totalement libre de mes actions et de mes pensées… je suis avant tout un chercheur déterminé, et un grand amateur du savoir… mais étant aussi passionné par les anciennes civilisations et les philosophies antiques.

Je suis prêt à admettre.

La sagesse est toujours associée à une exaltation de l’esprit.

Il est dit qu’il conviendrait de reconstituer ce qui a été perdu ou oublié.

Que tout cela est caché là… tout au fond de nous même… dans notre inconscient.

La clé est un signe… elle est l’ouverture… elle ouvre pour mieux pénétrer les racines de la conscience et elle annonce l’évènement à l’initié. Elle rappelle la structure de l’homme… son ossature. Elle est faite de ce qui nous permet d’avoir une forme et de pouvoir fonctionner. Elle traduit l’intention et le pouvoir.

Qui a caché cette information capitale si mystérieuse, si secrète, si incompréhensible ?... à qui est-elle réservée et pourquoi ?... à quoi sert-elle ?

 

PTAH est pour moi une vieille connaissance.

En effet, au fil de mes lectures, il a bercé avec ses Neters, mes rêves les plus fous et les plus surréalistes.

J’ai toujours été très intrigué et très attiré par cette période très ancienne.

Sans me prétendre Historien… j’ai toujours eu la passion de ces civilisations éloignées, sociétales et philosophiques.

Faisons ensemble une petite révision :

C’est PTAH qui donna naissance aux neuf Neters. Créant la grande énnéade. Il créa le monde et tout ce qui l’entoure.

Les Neters, je le rappelle… étaient des sortes de dieux divins.

L’énnéade de PTAH raconte l’œuvre cosmique et de toutes les bases sémantiques sur lesquelles le monde pouvait être pensé pour devenir accessible à l’intelligence humaine.

Chef d’atelier et créateur de formes… Patron de tous les artisans et de toutes œuvres humaines… Il est désigné comme le Feu tombé en terre.

Dans cette énnéade de Neters, il y avait de petits groupes qui s’associaient, comprenant d’autres divinités par groupe de trois (Triade)… Comme par exemple : Osiris, Isis et Horus.

PTAH était lui-même associé à Sekhmet (Son épouse) et Néfertoum.

Ils représentaient la vie, la mort et la renaissance.

« Il faudra construire une cohérence qui réunissent les signes épars offert à la vue et à la réflexion.

Il faudra observer les rapprochements et se servir de toutes les observations pour alimenter une réflexion axée essentiellement sur l’effort.

Il faudra maintenant posséder la puissance du créateur, afin de créer, de concevoir, et d’inventer, de produire du sens à son tour, lorsqu’il aura trouvé ce qu’il lui manque… C'est-à-dire : Le principe de la fécondité, signifié par la parole.

La parole crée… c'est-à-dire : elle produit de la réalité.

La parole est une métaphore pour désigner la semence qui féconde ».

 

Après avoir relu ces textes, je me suis creusé les méninges.

J’ai tenté de les décrypter… de comprendre entre les lignes… Et je suis arrivé à une hypothèse qui vaut ce qu’elle vaut !

Cela concernerait, bien évidement, un évènement capital qui serait arrivé à OSIRIS.

Puisque le véritable sens de toutes ces phrases et textes sont délibérément détournés… Je vais donc les lire autrement. La « Parole », comme je l’ai déjà mentionné… rend les choses réelles et les mets en activité. Dans la règle, il y a le jeu de la vérité cachée.

Toute la subtilité de cette époque réside dans l’écriture à double sens… et dans le sens véritable des mots et des symboles. Lorsque nous lisons une succession d’hiéroglyphes ou d’une phrase égyptienne… On peut comprendre le sens et l’explication d’une façon claire, tellement que cela semble logique.

Je m’explique :

Souvent, et en réalité… tous ces mots ou ces signes cachaient volontairement une vérité.

Tout était détourné !

Seuls étaient habilités à connaître la vraie vérité et le véritable sens… étaient les initiés. C’est à dire les prêtres, les rois et les dieux… Et surtout pas la personne commune !

La parole à retrouver est celle qui a pour but de signifier… même si elle dérange.

Religion et magie sont si étroitement liées à cette époque, que l’on ne peut aborder aucune pratique, si l’on ne tient pas compte des symboles qui sont le fondement des divinités qu’on invoque, et différents mythes auxquels on se réfère, pour déchaîner le pouvoir du son et de l’analogie.

En ce temps là, l’être humain avait absolument besoin d’une divinité accessible.

Un dieu qui reste en place… afin de servir les intérêts religieux et politiques des puissants.

Il y avait deux courants :

D’une part ; un dieu comme une force universelle… réservé aux initiés.

Et d’autre part ; un dieu humanisé, vivant dans le social et s’adaptant aux besoins de la dévotion populaire. Ce qui veut dire qu’il y en a une : « outre-tombe » céleste et stellaire…

Et une : « outre-terrestre », réservé aux humbles… et à tous ceux qui n’ont pas la connaissance, qui acceptent la vérité venant d’en haut.

 

Afin de mieux comprendre ma démarche, je vous résume rapidement les faits qui m’ont amenés à la conclusion que je vais vous exposer :

1ère dynastie… HORUS était le dieu suprême.

2ème dynastie… SETH le supplante.

Lorsque le royaume commença à se réunifier, on élabore la théologie d’Héliopolis qui remplace HORUS par le culte solaire de RÊ-ATON.

Arrive la 5ème dynastie… (C’est l’élaboration qui est liée aux phénomènes initiatiques de la mort et de la résurrection) OSIRIS remplace RÊ dans le jugement des âmes.

Petit à petit, le peuple découvre les secrets du palais. Il apprend les sortilèges et les formules… et accède à l’immortalité qui était le privilège des Pharaons. Il s’agit là, de la momification.

2050 ans av. J.C… AMON devient la divinité suprême.

Puis le dieu solaire RÊ-ATOUM, est opposé à PTAH, le créateur.

OSIRIS épousa ISIS, puis devient le premier roi d’Egypte.

SETH, jaloux du pouvoir et de la célébrité de son frère-roi, décida de le tuer.

C’est au cours d’un banquet qu’OSIRIS fut enfermé dans un coffre, puis jeté dans le Nil. Sa veuve de sœur ISIS, le chercha. Le coffre termina sa course à Byblos. Mais par la vertu magique du cadavre qu’il contenait, il se couvrit de végétation et produit un arbre florissant.

Le souverain local le remarqua, et le fit couper pour construire une colonne dans son Palais Royal.

ISIS toujours à sa recherche, arriva à ce moment là. Elle sentit la présence de son frère de mari-roi dans la colonne. Elle récupéra la colonne et sortit le corps d’OSIRIS.

Mais… Insatisfait de son œuvre macabre, SETH coupa le corps d’OSIRIS en 14 morceaux et les éparpilla dans tout le pays. Aidée par sa sœur NEPHTHYS, ISIS retrouva 13 morceaux. Elle érigea un sanctuaire afin de perpétuer le souvenir du roi mort. Le 14ème morceau, étant l’organe génital, resta introuvable.

Alors ISIS fit fabriquer une statue, à l’effigie d’OSIRIS. Puis se transformant en vautour, volant au dessus de celle-ci… elle l’anima de sa puissance magique. ISIS tomba, dans le même temps, enceinte.

OSIRIS fut donc ramené à la vie et remonta sur le trône, où il put à nouveau remplir ses fonctions de roi… mais hélas, pas celui de géniteur. ISIS accoucha d’HORUS. On le surnommait « L’enfant de la veuve ». La mort et la résurrection d’OSIRIS représentent la clé symbolique de l’initiation… et de la fin de la condition de profane. Ainsi que de la renaissance mystique en tant qu’initié faisant partie d’une communauté spirituelle. Cela ne devait pas être répété. C’est pourquoi, c’est écrit sous la réserve pour qu’aucun ne le répète. De ce présumé et foutu poisson mangeur de sexe… Il ne fallait surtout pas que cela se sache !

Par conséquent, tout laisse à croire que la Parole Perdue serait cette incroyable histoire.

Elle est celle qui peut dire : Le roi est nu !

OSIRIS ressuscité… le mystère est retrouvé… c’était le principal !

Il est devenu Seigneur et Juge de l’au-delà.

Le crédo de la résurrection cher à de nombreuses religions, est présent dans la mythologie Héliopolitainne. A Memphis, le culte principal est rendu à PTAH.

Cette probabilité peut paraître vraiment trop simple ou trop évidente.

Quoiqu’il en soit… cela m’a permis de m’ouvrir sur les choses… de m’enrichir et de m’élargir davantage.

Mais je ne dois pas me contenter de cette solution. Peut-être y a-t-il d’autres réponses ?... La vérité est certainement ailleurs.

 

Enfin… et pour conclure mes divagantes pensées… je vais continuer de voguer dans mon labyrinthe brumeux et ensablé… et tenter de retrouver le songe et la sérénité, dans cette belle vallée du Nil… sous la protection et les regards protecteurs de PTAH et d’OSIRIS.

Je vais continuer d’admirer le crépuscule… là, où le soleil devenu rouge, effleure en réchauffant les bas-reliefs sacrés… faisant revivre nos ancêtres et les tombeaux endormis qui renferment tant et tant de secrets… là, où les empreintes énergétiques des Neters toujours présents, biens imprégnées dans la pierre.