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SUITE... L'amour de LUMIERE

La deuxième journée est consacrée à l’étude des cahiers… Devis, achats, dépenses diverses… etc. Bref, tout ce qui concerne la comptabilité.
Mwayé doit tout contrôler. Du sol au plafond… De la cave grenier au grenier.
Contrôler les compétences, les méthodes employées… La gestion économique et du management… La nature des résultats des activités. Elle doit recueillir toutes les informations objectives, afin de tenter de déterminer si les actions menées respectent bien les procédures… et si l’entreprise est efficiente ou non.
Ce n’est pas simple et il faut viser juste. Surtout ne pas se tromper !

Dans l’après-midi, alors qu’ils visitaient tout en ensemble de vieilles pierres… ou plutôt, des anciennes pyramides… Monsieur SHETATA fit son apparition dans le même costume blanc, comme par enchantement. Sans un bonjour, il s’adressa directement à Mwayé.
—    Alors ?... demande t-il d’un air moqueur et hautain… On ferme ces fouilles quand ?
Mwayé le regarde étonnée… et lui demande s’il avait d’autres questions idiotes de ce genre à lui poser.
Visiblement vexé, le directeur… adjoint, grimace, et reprent son air habituel, c'est-à-dire une figure d’homme sombre et hargneux.
—    C'est-à-dire ? Furieux !
—    C'est-à-dire qu’il faut poursuivre l’enquête, et peser le pour et le contre. Je n’ai pas terminée.
—    Comment pas terminé !... Bégayant d’autres mots incompréhensibles. Tu auras terminé quand ce chantier ?... Quand va-t-on fermer ce cirque de guignols ?
Antony qui assiste sans rien dire à la scène est très étonné du comportement de cet homme.
Très curieux, il demande à Mwayé pourquoi cet homme la tutoie.
—    Je vous expliquerais cela plus tard. Dit-elle visiblement très agacée.
Puis d’un coup, elle se mit en colère contre ce directeur irrespectueux et lui lâcha des paroles dures et méprisantes comme une pluie de cailloux.
Un échange style « ping-pong » et de certains mots d’oiseaux plus tard… Ils sont chacun dans leur coin du ring, et ils s’observnt… Ils semblent bien se connaître.
Antony ne comprend pas ce qu’ils disent, car ils se sont éloignés pour ne pas que l’on soit témoin de leurs mots acides et de leurs phrases coupantes comme des poignards.
Ça ressemble à une scène de jalousie.
Puis soudain, l’homme toujours de blanc vêtu fait demi-tour, et repart comme il est venu !
Mwayé est restée seule. Elle est assise sur une pierre et pleure tout ce qu’elle peut dans ses mains qui enveloppent son visage. Antony s’approche d’elle, lui pose sa main gauche sur l’épaule et lui demande.
—    Ça ne va pas ?...
Alors, entre deux « sniff »… Elle répond que oui. Cela ne va pas… En effet, ça ne va plus !
Antony s’assoit à côté d’elle, gardant sa main sur son épaule, puis garde un instant de silence comme pour respecter ce dur moment d’émotion.
—    Je préfère lorsque vous riez !... Dit-il sur un ton maladroit. Vous êtes tellement belle lorsque vous souriez !
Mwayé se retourna vers Antony. Ses yeux sont rouges et des larmes coulent sur ses joues cuivrées.
Antony, d’un geste lent et tendre, recueille avec un doigt une larme qui allait tomber. Puis, essuie sa joue avec son pouce… tout en douceur.
—    Dites-moi Mwayé… Dites-moi ce qui se passe avec cet hurluberlu ?
Entre quelques « sniff » et des « gnouff », Mwayé balbutie quelques mots incompréhensibles, tellement sa gorge est serrée.
—    Comment ? Fit Antony qui n’a rien compris.
—    Pardon. Cet homme a été mon mari. Nous sommes divorcés depuis cinq années, après avoir vécu ensemble deux années. Deux très longues années !…  Il me harcèle toujours de ces méchancetés blessantes. Cet homme est profondément mauvais. Il m’a fait une crise de jalousie envers vous.
C’est un malade !
—    Mais pourquoi ?... S’étonne Antony.
—    Parce c’est un malade je vous dis !... C’est un jaloux maladif. Il envie tout le monde, et il veut tout ce qu’il n’a pas et que les autres ont !... Il est dangereux, méfiez-vous de lui.
Antony écoute attentivement Mwayé raconter sa pitoyable histoire avec cet individu.
Puis il ose passer ses bras autour de ses épaules et l’attire contre lui. Elle ne se défend pas et se laisse aller contre sa poitrine qui sent la poussière… et loge sa tête dans son cou. Puis elle pleure.
Ils restent immobiles pendants de longues minutes, et personne ne s’en plaint.
Quelques instants plus tard et plusieurs mouchoirs en papiers mouillés, en tas sur ses genoux… Mwayé semble s’être calmée. Antony lâche ses épaules en douceur et la regarde. Ses yeux noirs brillent comme la surface du Nil. Avec un mouchoir en papier neuf, il essuie les dernières gouttes qui perlent encore sur ses joues rougies. Mwayé se lève… se réajuste un peu… se sent quelque peu gênée… ou plutôt, un peu troublée par la gentillesse d’Antony qu’elle trouve beau, doux et respectueux. Elle le fixe tendrement dans les yeux et lui dit :
—    Merci. Merci Antony de votre indulgence et de votre gentillesse.
—    Je n’aime pas que les femmes que j’admire et qui me troublent, pleurent.
Et je n’aime pas que des vilains machos et vulgaires leur manque de respect. Je ne supporte pas la tristesse. Et encore moins que l’on puisse faire le mal… comme ça, par pur bêtise !
Alors ils se regardent tendrement en se souriant, puis se relève.
—    Allez. La journée est terminée pour aujourd’hui.
En effet, la fin de la journée est proche. Il faut souper avant d’aller dormir.
Antony propose à Mwayé de souper avec lui, si elle n’y voit aucun inconvénient. Bien sûr, elle accepta de bon cœur. En parlant de cœur… Il est possible que leurs cœurs à eux semblent battent à l’unissons, et qu’il y a « anguille sous roche ».

La soirée s’est déroulée dans le charme et la douceur.
Après avoir soupé, ils se sont promenés tranquillement, côte à côte… comme deux adolescents.
Ils sont allés sur les bords du Nil prendre l’air frais… Ils ont regardés les étoiles. Antony a tenté les nommer, expliquant leurs légendes et leurs mythes par rapport aux anciens.
Sans se rendre compte, ils se sont pris la main… et ils ont partagés l’un contre l’autre, de longs silences dans la douceur de la nuit.
Le campement est endormi lorsqu’ils rentrent. Le feu continu de brûler au centre de la petite place improvisée. Le monde entier semble s’être calmé.
Antony accompagne Mwayé à sa tente. Ils restent un long moment, silencieux, debout face à face… ils se mangent des yeux.
—    Bonne nuit Mwayé…
—    Bonne nuit Antony… Faites de beaux rêves.
—    Merci Mwayé, qui veut dire « lumière ». je crois… Donc je vais forcément faire de beaux rêves, car c’est de vous que je vais rêver. Vous venez d’illuminer ma vie.
Ils se regardent encore et encore, sans se lasser, longtemps et profondément.
Sans le vouloir et presque sans s’en rendre compte, leurs visages se sont rapprochés. Quelques centimètres les séparent… puis quelques millimètres. Jusqu’à ce que leurs lèvres se touchent.
Ils reculent instinctivement, puis reviennent. Tout doucement les bras le long de leurs corps, n’osant pas bouger. Leurs lèvres se touchent et se collent enfin… Pour finalement se laisser envahir par le trouble merveilleux de l’amour naissant et le désir irrésistible de l’autre.
Leurs mains, leurs bras et même leurs langues se soudent, s’entrelacent et s’entrecroisent… Les deux corps vibrent et réinventent une danse lente et lascive… Leurs yeux se ferment afin de mieux déguster le nectar subtil de l’amour. Les ventres et les genoux se cognent. Les corps s’effleurent, se touchent, puis se collent dans un même élan d’amour, de tendresse et de chaleur.
Le baiser qu’ils échangent est long. Très long !
C’est le temps qui s’arrête. Plus rien n’existe autour d’eux. C’est une autre vie qui est en train de naître.

Tout doucement ils se décollent et se séparent avec peine… C’est comme s’ils étaient deux plongeurs qui remontent des abysses en faisant des paliers obligatoires de décompression !
Puis, ils regagnent leurs tentes sans se quitter des yeux. Leurs doigts semblent collés… Leurs âmes et leurs cœurs sont prit dans un piège savoureux, tel un fil invisible qui les relierait.

La nuit a été bonne. Curieusement, tout le monde à bien dormi. La journée s’annonce chaude.
Généralement, après une tempête, la chaleur se fait plus rude… et avec plus de poussière !
Antony pense à cette malle qu’il a découverte dans ce Temple. Cette disparition lui semble bien curieuse. Qui aurait intérêt à voler ce genre d’objet ?...
Il décide d’y retourner. Peut-être trouvera t-il un indice quelconque sur place ?
Pendant que Mwayé dort encore, et qu’il est encore très tôt…Antony se rend seul au site.

Arrivé dans la chambre sombre et vide… Il n’y a plus d’autres objets depuis très longtemps à cause des pillards occasionnels.… Il retrouve la stèle où était posée la malle en bois sculptée.
Antony observe la stèle en pierre. Il remarque qu’il y a toujours cette natte en papyrus dessus avec l’empreinte de la malle. Machinalement, il soulève cette natte poussiéreuse… et il s’aperçoit qu’il y a des inscriptions gravées à même la pierre. Il frotte avec ses mains, et un petit pinceau qu’il a toujours sur lui. C’est un texte en méroïtique Ce fut la langue des pharaons noirs de la 25ème dynastie. L’alphabet méroïtique possède deux écritures distinctes. Le hiéroglyphe et l’autre, plus cursive.
Antony essaie de le déchiffrer. Au bout de quelques minutes, il réussit à avoir un texte complet qui veut dire à peu près ceci :
« Si tu n’es pas la connaissance n’ouvre pas ce reliquaire. Ton intrusion devra subir les morsures du cobra et être bannie à tout jamais du monde terrestre ».
Ce texte lui rappelle bizarrement le rêve qu’il avait fait la nuit dernière…
Il y a toujours, ou presque des textes qui annonce les pires choses, qui avertissent les gens trop curieux.
A cette époque, les gens étaient croyants et très superstitieux… mais aujourd’hui, plus personne n’a peur de ce genre de mots.
En rabattant la natte sur la stèle en pierre avec soin, il remarque dans l’angle de la pierre, au sol contre le mur, un petit outil formant deux embouts, l’un muni d’un crochet en fer, et l’autre, d’une petite brosse.
—    Ho, mais ce n’est pas d’époque ce machin là !...
Antony prend l’outil dans sa main, l’observe attentivement et semble le reconnaître… Il est fréquent que les ouvriers se fabriquent des petits instruments personnalisés… Et celui-là… il se rappelle à qui il appartient ! Il saisit alors l’outil et le met dans sa poche. Puis décide de repartir.
Mais au moment où il veut faire demi-tour, quelqu’un le frappe avec violence avec un objet dur, sur le sommet de la tête. Antony s’évanouit.

Kémi arrose le visage de son patron avec son écharpe et de l’eau, qui peine à retrouver ses esprits.
—    Patron !... Patron, réveillez-vous ! En donnant de petites claques sur les joues et le secoue par l’encolure de sa veste.
Antony ouvre un œil, puis deux. Il a terriblement mal au crâne.
Kémi l’aide à se relever… Antony s’assoit et Kémi regarde son crâne.
—    Belle bosse !... S’exclama t-il ! Fort heureusement le chapeau a certainement amortit le choc.
Quelques instants plus tard, Antony se retrouve dans son marabout, assis sur un tabouret, la tête entouré d’un superbe et beau ruban blanc autour de la tête.
—    Avec le chapeau, ça ne se verra pas ! Plaisante Kémi.
Mwayé fait son apparition affolée dans la tente, où elle a appris la nouvelle par les ouvriers.
—    Antony… ça va ?
—    Oui… je crois… Kémi m’a soigné et m’a fait un beau pansement. Regardes !... Il n’y a rien de grave. Rassures-toi. Mais cela fait mal quand même !
Elle le prend dans ses bras tendrement, mais Antony fait un geste montrant la présence de Kémi.
—    Ne vous tracassez pas pour moi Patron… Qui a remarqué sa gêne. Je vous ai vu tous les deux hier soir. Et je trouve cela très bien.
Quelques bisous d’amoureux plus tard… Antony a repris ses esprits. Aussitôt, il pense à l’outil qu’il a mis dans sa poche. Il fouille… Plus rien ! Son agresseur l’aurait récupéré croyant certainement qu’il était mort. Malheureusement pour lui, Antony a vu l’objet et il se souvient à qui il appartient.
—    Kémi, vient avec moi… et amène Mombo avec toi (Mombo est un gentil géant noir venant du Gabon… Une force de la nature et le gardien du campement).
Antony se lève, soutenu pas Mwayé.
—    Je veux venir avec toi !
—    Non, je t’en prie… cela peut être dangereux. Attends-moi ici… Je reviens très vite.
Les deux hommes sortent du marabout et se dirigent vers quelques ruines en fouilles, là-bas sur la colline et ils sont rejoint par Mombo. Arrivés, ils s’arrêtent. Un homme est en train de piocher le terrain à l’entrée d’une ruine d’un vieux Temple.
—    Amahl ?... D’une voix forte.
L’homme se retourna, et, surpris… regarde avec un grand étonnement Antony.
—    Amahl, peux-tu me prêter ton petit instrument… tu sais celui qui a une brosse et un crochet sur le même manche !...
L’homme effrayé semble chercher dans ses poches, puis sort l’outil en question… mains tremblantes.
—    Dis-moi Amahl… tu ne l’avais pas perdu dans la chambre antique que l’on a découverte il y a deux jours ?... L’homme est très gêné.
—    Heu… non ! Je… Je… il ne m’a jamais quitté !... Il a toujours été dans ma poche Patron !
—    Ha bon !... Et tu peux m’expliquer pourquoi je l’ai vu dans cette pièce ?... Il était au sol, juste à côté de la stèle où la malle a disparue… Tu peux m’expliquer cela Amahl ?...
—    Hé bien Patron… Je… Je ne comprends pas !... C’est surement un autre outil… L’homme ne sait plus comment faire pour échapper au questionnaire… Il est embarrassé.
—    Ne cherche pas, va… Je sais qu’il y a qu’un outil de ce genre dans le chantier… Je sais aussi que c’est toi qui as volé la malle… Et que c’est encore toi qui as tenté de m’assassiner !
Antony se fâche et se met à crier fort, tout près du visage en sueur d’Amahl.
Kémi et Mongo sont de chaque côté, menaçants.
—    Ce… Ce n’est pas de ma faute Patron !... Dit-il, en se cachant le visage avec son bras dans la crainte d’être battu.
—    Alors… C’est la faute de Qui ? Repris Antony.
—    Je ne peux pas le dire Patron… Il me tuerait !... Je vous en prie Patron… pardonnez-moi, mais je ne peux rien dire !
—    OK… Alors Mongo va s’occuper de toi soigneusement.
—    Non, non… pas lui !... C’est un fou !... il va me démolir !
—    Répond donc à ma question, maudit traître !
—    Bon… D’accord !... d’accord ! Vaincu.
L’homme avoua rapidement que c’était le directeur adjoint qui lui a donné de l’argent pour voler la malle… et qu’il était seul dans le coup. Qu’il devait la remettre à lui directement, et en personne.
Il avoua aussi qu’il avait suivi Antony, car normalement il ne devait pas retourner dans cette chambre antique. Mais Amahl recherchait son outil et décida lui-aussi alla visiter le lieu de ses délies… mais trouva Antony sur place. Comme il avait l’ordre d’éliminer Antony s’il découvrait quelque chose… Il n’a donc pas hésité à agir sans réfléchir davantage aux conséquences.
Par la suite, mais beaucoup plus tard, Amahl sera remis aux autorités. En attend, il est emprisonné et bien gardé dans une cellule improvisée, au fond d’un Temple Nubien.
Il fallait maintenant trouver les preuves que le directeur était vraiment le coupable. Et cela ne sera pas facile, car cet homme est un arnaqueur professionnel et très malin !

Entre temps, Monsieur SHETATA, le directeur a eu le temps pour faire arrêter les fouilles. Il a tout mis en œuvre pour faire arrêter les recherches et pour bloquer le chantier des fouilles.
Et c’est aucun scrupule qu’il arriva en fin de journée au campement, pour annoncer à tout le monde que le chantier s’arrêtait. Ne sachant pas ce qui s’était passé entre Amahl et Antony, il débarqua confiant dans son hélicoptère. Bien entendu, avec le bruit que cet engin fait, tout le monde a été vite au courant que le directeur arrivait sur le chantier. Antony et Mwayé aussi ont entendu.
—    Faisons comme si rien ne s’était passé. Attendons qu’il parle.
—    Tu as raison… Gardons nos distances… A deux, nous serons plus forts pour tenter de le coincer.
Rajouta Mwayé.
Comme à son habitude, l’homme est toujours aussi hautain et arrogant, le directeur commence à parler… sans dire bonjour, bien évidement !
—    Bien !... Monsieur l’archéologue… Le site et le chantier est fermé ! Dit-il, d’un air satisfait.
—    Mais je n’ai pas terminée mon enquête !... S’interposa Mwayé, étonnée.
—    Mais si, mais si ! C’est terminé !... Aller Hop !... D’ailleurs pour toi, j’attends ton rapport dès demain matin sur mon bureau !
Antony reste silencieux.
—    Mais pourquoi veux-tu aller si vite ?
—    Je n’ai pas de compte à te rendre ma p’tite !... Je fais comme je veux !
—    Mais Ahmed, tu n’as pas le droit !... C’est moi qui a les pleins pouvoirs sur cette affaire !
—    Je m’en fou totalement !... D’abord, j’ai bien vu votre manège et je vous ai compris tous les deux !... Vous êtes de mèches !... On vous a vu hier soir… Vous étiez très proche… là… à vous coller... à vous ploter le cul  et à vous lécher la goule ! Tu es de son côté !... Tu enquête aussi sur la grosseur de son sexe ?... Salope !
Antony n’en peux plus, et projeta un direct puissant en pleine face du monsieur ! Et Paf !
SHETATA se retrouve sur ses grosses fesses, dans la poussière et le nez en sang.
—    Il m’a brisé le nez cet imbécile !... Vous aurez de mes nouvelles !... Croyez-moi ! Ca ne se passera pas comme ça ! Criant comme un porc que l’on égorge.
Et il se relève, mettant son mouchoir immaculé sur le nez. Des tâches de sang décorent joliment sa belle veste et sa chemise blanches. Il s’agite, et fait un geste d’intimidation envers Mwayé, comme pour la frapper.
Et bing !... Deuxième coup de poing dans la figure toujours de la part d’Antony.
—    C’est assez maintenant, espèce de malade !... Fout-moi le camp de mon campement !...
Hors d’ici !
Nous nous reverrons très bientôt, crois-moi, et plus vite que tu le pense, espèce de bandit !
Antony est vraiment très en colère… Mais Mwayé essaie de le calmer et de le retenir.
En attendant, l’homme au costume se retrouve encore une fois sur ses fesses, éclaboussant davantage de tâches de sang son costume blanc à points rouges.
—    Je vais me venger !... Je vais vous mener une vie d’enfer à tous les deux… Bande d’harpies !
—    Ne te fatigue pas… c’est déjà fait. Allez disparait de notre vue !
Il se lève avec beaucoup de difficulté… Titube… Personne ne l’aide bien sûr. Tout le monde le regarde et se mettent à rirent en se moquant de la situation incongrue et malfaisante de cet imposteur.
Il disparaît dans un brouhaha de rires et de « Hou ! » dans la poussière que produit l’hélicoptère.
Mwayé se glissa aussitôt dans les bras d’Antony.
—    Tu sais mon chérie, il faut faire attention à lui, c’est un grand malade et un vaurien !
—    Ne te tracasse pas ma lumière, nous arriverons bien à trouver des preuves pour le faire tomber.
Puis, ils s’échangent un long… un très tendre et très doux baiser.
Kémi appelle Antony.
—    Téléphone du Caire !
—    J’arrive !... Juste un dernier bisou à sa belle, et il court vers le marabout, suivit de Mwayé.
Au bout du fil, c’est le Musée du Caire.
—    Qu’est-ce que c’est cette histoire ?... Les fouilles sont arrêtées ?... Pourquoi Monsieur SHETATA a t-il décidé de le fermer ?
—    Pas de panique Monsieur le Directeur. Je vais vous expliquer la situation.
Et Antony raconte effectivement ce qui se passe réellement au site des fouilles… Les exactions et les malfaisances de SHETATA… Tout quoi !
Au bout d’un quart d’heure à peine… deuxième coup de téléphone.
Cette fois c’est le Musée de Londres. Mêmes questions… Mêmes inquiétudes !
Alors Antony expliqua une nouvelle fois toute l’histoire.

Mwayé est triste. Elle vient de comprendre qu’elle a été manipulée par Ahmed, son ex.
C’est un homme calculateur, envieux et vicieux. Il fait tout pour réussir ses projets, surtout les plus douteux. Gagner toujours plus d’argent et avoir les honneurs.
—    Je ne vais pas faire cette enquête. Je vais tout dire à ma direction. Ils comprendront.
Depuis le début Ahmed te met des bâtons dans les roues. C’est ça que nous devons comprendre et savoir. Pourquoi met-il autant d’énergie dans cette affaire ?
—    Tu as raison mon amour. Demain, nous irons ensemble au Caire et nous ferons notre enquête sur cet homme.

Ce bout de  journée n’a pas été simple.
Antony a encore mal à la tête. Mais dans les bras de Mwayé la douleur s’estompe… c’est l’effet « efferalgan ».
Après un thé et quelques biscuits bien mérités… Le nouveau couple d’amoureux se retrouve sur les bords du Nil. Ils se sont assis dans les dunes sous les quelques arbres. Il fait encore chaud. Heureusement l’air est rafraîchi par un petit vent léger, qui balance aussi les branches et les feuilles en les faisant vibrer… eux aussi. On peut entendre une douce et lancinante complainte.
Les cheveux défaits de Mwayé volent au rythme de la rengaine. Le tissu en lin blanc qui lui couvre le corps aussi… dégageant par instant une jambe, une cuisse ou une épaule. Le vent malicieux joue avec sa robe, au grand plaisir d’Antony. Sous la lune, sa peau semble nacrée de fines paillettes dorées.
Antony ne cesse pas de la contempler et de s’émerveiller en regardant Mwayé. Elle est magnifique.
Des felouques glissent tranquillement sur l’eau calme. Leurs images se reflètent dans l’eau-miroir, et forment de grands papillons géants qui planent sur le côté, au raz de l’eau avec élégance.
Cet endroit donne à l’ambiance un petit air de romantisme supplémentaire. Idéal pour la communion charnelle de deux corps qui s’attirent et d’amour qui vient de naître.
Mwayé est confortablement serrée dans les bras d’Antony, la tête délicatement posée contre son épaule. Leurs cœurs battent forts à l’unisson dans leurs poitrines. Un grand trouble les a envahi, et de grands frissons parcours leurs corps qui s’échauffent.
Antony se penche sur son visage… leurs regards se fondent… et leurs bouches se collent.
Le baiser dura longtemps… tout en douceur et volupté.
Antony ose lui caresser d’abord une épaule, puis le cou et puis enfin la joue.
Mwayé fait la même chose et les mêmes gestes dans un accord parfait de synchronisation.
Puis c’est le déchaînement de l’envie, du charme envoûtant et des gestes plus osés.
Ils ont passés une bonne partie de la nuit à s’aimer comme des fous.
Ils se sont trouvés et se découvrent dans l’amour.

C’est Kémi qui se lève toujours le premier… Toujours pour des raisons d’intendances, mais également pour organiser au mieux la journée d’Antony.
Mais avec ce qui s’était passé la veille… il était un peu désorganisé, comme un peu perdu.
Il est neuf heures lorsqu’Antony se réveille. Il s’étire et réalise que Mwayé est juste à côté de lui, dans le même lit. Nue, tout comme lui. Antony est heureux et très fier, car il pense sincèrement qu’il aime cette femme.
—    Bonjour mon amour… Dit-il doucement, avec une légère caresse sur la joue.
Mwayé ouvre un œil, puis deux… et voit Antony tout proche d’elle. Elle sourit, elle est radieuse.
Le lit a gardé l’empreinte chaude de leurs étreintes. Nuit exceptionnelle… Folle nuit !

Ils sont en train de manger lorsque Kémi appelle Antony pour le téléphone. C’est la direction générale du service culturel du Caire.
—    Mauvaise nouvelle !... Monsieur Ahmed SHETATA est décédé ce matin, très tôt.
—    Décédé ?... mais de quoi ?
—    On ne le sait pas encore. Il a du faire une sorte de crise cardiaque ou quelque chose de ce genre !
Et puis, il a laissé une lettre pour vous, qui disait : à ouvrir après ma mort.
—    Il se serait suicidé ?
—    Non. Je ne le pense pas. Il semblerait qu’une crise très forte l’a emportée.
—    Et il aurait eu le temps de m’écrire ?
—    Possible !
—    Très bien. Nous arrivons immédiatement.

Effaré par cette nouvelle surprise et devant le côté exceptionnelle des évènements… Il demande l’avis à Mwayé, puis décident de partir ensemble au Caire.
—    Merci de venir avec moi… Dit Antony, à moitié satisfait et à moitié déçu de la mort d’Ahmed.
Sans toi, ma vie était terne et triste. Aujourd’hui elle prend des couleurs et elle anime ma vie.
Je suis profondément heureux d’avoir pu te connaître.
—    Non, merci à toi mon amour… Merci d’être là avec moi. Toi aussi tu bouleverses ma vie… je crois que je vais aimer cela. En ce qui concerne Ahmed, c’était une crapule, certes… mais il a été mon mari. Je me dois de lui rendre un petit hommage.

Arrivés au Caire, ils bondissent dans un taxi qui les mène directement au bureau de la direction culturelle. Pendant quelques minutes, Antony et Mwayé s’entretiennent avec le directeur général.
—    Il est chez lui. Allons-y. Son appartement est à quelques rues plus loin. Dans un quartier chic, bien évidemment.

Quelques instants plus tard, ils se retrouvent devant l’homme. Il est allongé sur le lit, raide. Sa peau est violette, presque noire et son visage est crispé. Preuve qu’il a souffert avant de mourir.
—    C’est curieux cette couleur… Vous ne trouvez pas ? Demande le directeur général.
—    Effectivement. Répondit dubitativement Antony. Il devait y avoir un mélange d’arsenic et de curare dans ce gaz.
Mwayé regarde le cadavre d’Ahmed… pétrifiée. Elle reste figée par cette fin tragique.
Elle n’a pas de chagrin. Pas une seule larme ne sort… Aucuns regrets… Aucune tristesse.
Il y a une lettre sur la table de chevet, adressée à Antony.
—    C’est pour vous Antony.
Antony se saisie de la lettre… L’ouvre et la lis d’abord en silence, puis à voix haute.
« Je vais mourir sans doute dans quelques instants. C’est moi qui a la malle en bois. Lorsque je l’ai ouverte, un gaz coloré a jaillit sur mon visage. Il y a les tablettes dedans.
Pardonnez-moi… Je voulais que cette découverte soit la mienne. Je voulais les honneurs et recevoir l’argent pour moi tout seul. Je reconnais que ce n’était pas la meilleure chose que je devais faire.
Vous trouverez la malle dans mon garage. Faites attention au gaz.
Encore pardon. Adieu ». Et c’est signé : Ahmed SHETATA.
Cette lettre est très mal écrite. Tremblante et incertaine. On peut sentir le malaise et l’horrible agonie l’envahir rapidement. La dernière phrase et sa signature sont pratiquement illisibles.

Le directeur général est rassuré. Justice est faite.
La trop grande soif de pouvoir de cette crapule aura subit la vengeance des anciens. Il n’était pas apte à recevoir ces tablettes. Avec le témoignage de l’ouvrier complice, Amahl… tout va s’éclaircir rapidement et tout reprendra sa place.
La malle sera prise en charge par un laboratoire spécialisé afin d’écarter tout danger de contamination. Puis les tablettes seront dirigées vers des spécialistes pour traduire les textes en méroïtique. Supervisé bien évidemment par Antony… l’homme du jour… l’homme à la une… l’auteur de la découverte extraordinaire.
Mwayé a retrouvée les bras d’Antony. Il est là son véritable avenir. D’être ensemble.
—    Je vous félicite Antony pour votre sérieux et pour votre aide.
Pardon d’avoir douté de vous et de votre compétence.
Nous avons trouvé là un trésor inestimable, qui aidera à comprendre beaucoup de choses encore mystérieuses. Cette découverte servira je l’espère, toute l’humanité.
Après un temps de silence de part et d’autre… Le Directeur général reprend.
—    Et puis je vous félicite aussi tous les deux. Sans vous deux, cela aurait été difficile de le démasquer. Vous formez un très beau couple. Je suis heureux pour vous. Je vous souhaite donc tout le bonheur que vous méritez.
Très émus, le couple répondra en cœur tout en se serrant l’un contre l’autre, simplement cette petite phrase : Merci Monsieur.

Antony et Mwayé ne se sont plus quittés.
Ils ont résolu une sombre affaire parce qu’ils étaient ensemble, car à deux on est plus fort… A deux, on se sent plus armé pour affronter les affres parfois difficiles de la vie.
Antony connaît maintenant ce qui le mot « trahison » veut dire… Et il ne souhaite plus revivre cela.
Mwayé gardera encore sa profession pendant quelques mois… Juste le temps pour elle d’apprendre l’essentiel du métier d’assistante pour son nouveau patron et tendre compagnon. Alors elle démissionnera de son poste et elle collaborera efficacement à ses travaux.
Antony fera la une des journaux médiatiques, gagnera de l’argent… un peu plus qu’avant… Avec toujours à ses côtés, la belle Mwayé. Sa lumière et son amour. Ils connaîtront enfin le vrai bonheur.
L’amour s’est installé entre ces deux cœurs aux parcours très différents.
L’amour… véritable catalyseur qui uni et rassemble les êtres. Mais cet amour là, est unique.

Fin