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L’amour de Lumière

 

En mission archéologique dans la Haute Nubie depuis quatre mois, Antony se repose enfin de sa dure journée de travail.

Loin de la poussière et de la chaleur étouffante, Antony est allongé dans un fauteuil en osier, en sirotant du thé glacé. Il regarde pensif, les premières étoiles qui percent le ciel de leurs rayons lumineux et qui vont se refléter dans le miroir déjà foncé du grand fleuve. Il est tard, et un grand voile sombre envahi tout doucement le ciel qui était encore, il y a quelques instants, d’un bleu profond.

Le Nil lui aussi se teinte d’encre noire… Ce qui fait ressortir les reflets lumineux qui frisent sa surface, par petites touches d’argent éphémères.

 

L’ancienne Nubie n’est plus qu’un mythe. Née du fleuve, elle mourut par ses eaux.

Le peuple a été exproprié et déplacé. Mais les Nubiens n’abdiquent pas et luttent encore aujourd’hui pour garder leurs identités en créant peu à peu une nouvelle Nubie.

 

Antony va avoir 39 ans dans quelques semaines. Beau garçon et toujours célibataire.

Il a bien eu quelques aventures avec des jeunes femmes, lorsqu’il était étudiant… Hélas, ses études l’ont trop absorbé et il n’a pas vu le temps passer. Bien sûr, il aimerait avoir une compagne car c’est parfois dur d’être seul… Il estime qu’il n’a pas suffisamment de temps libre pour rentrer dans une relation sérieuse. Il doit tout d’abord construire sa carrière professionnelle. C’est difficile dans ce milieu… il y a de la concurrence.

     De toute façon, comment pourrais-je trouver une femme dans ce désert ?

Antony est un homme sérieux, travailleur, simple et droit. Il n’aime pas l’injustice et il respecte la différence. Il n’aime pas les situations obscures ou troubles. Il aime avant tout, la franchise et l’honnêteté. Il n’a jamais été trahi… mais il pense qu’il n’aimerait pas cela !

Sa situation financière n’est pas encore stabilisée et il n’est pas bien riche. Il pense que cela se débloquera s’il réussit à mener à terme ses fouilles et ses recherches dans ce désert.

Ça vaut le coup de faire quelques sacrifices !

Après de longues études en histoire de l’art, puis en archéologie… Le British Muséum de Londres (Musée d’histoire et de la culture humaine) en collaboration avec le grand Musée du Caire… l’a engagé pour effectuer des fouilles et des recherches particulières dans la Haute Nubie. Le British Muséum possède une des collections des plus importantes, avec celui du Caire… sur toute l’histoire de l’Egypte ancienne.

Le gouvernement Egyptien est également dans le coup et apporte une aide logistique et des moyens techniques. Situation obligatoire pour obtenir les autorisations nécessaires pour pouvoir procéder à des fouilles. C’est entre autre, le service culturel du Caire qui en a la responsabilité et la direction.

Antony travaille sur un site pas très loin de Habou Hamed, où il réside… à environ 40 km au sud, et à 520 km au nord de Khartoum. Le site où il fouille, est entre la 4ème et la 5ème cataracte.

A cet endroit les archéologues ont déjà démontré dès 1998, la présence d’un très vieux fort, de l’époque chrétienne, puis d’un cimetière post-méroïtique (le méroïtique est une langue qui fut parlée dans le royaume de Koush, au nord de l’actuel Soudan)… Mais aussi des inscriptions sur un massif de quartz situé à Kourgous (1500 ans av JC), qui culmine à 23,60 m et qui mesure 40 mètre de largeur. Qui est nommé le Hagr el-Merwa.

Durant des générations, les tributs Nubiennes ont considérés ce massif comme un lieu sacré.

Les conquérants Egyptiens ont fait de ce massif une stèle-frontière. Cela marquait en particulier le début de la XVIIème dynastie.

 

Antony et son équipe de volontaires doivent retrouver des textes importants qui ont été perdu, ou bien égarés volontairement. Il s’agit de textes originaux en méroïtique de grandes qualités, gravés sur des tablettes de quartz noir… (Très rares !)... avec des listes concernant des prêtres, des scribes, des militaires et des cadres administratifs qui accompagnèrent les expéditions au Hagr el-Merwa. Et où la grande épouse royale de Tholmès 1er, et la mère d’Hatcheptsout y seraient mentionnées.

Ce site est désormais perdu dans une plaine devenue désertique.

Ces tablettes perdues sont un morceau du puzzle essentiel pour éclaircir l’histoire. Ces textes et ces listes sont la clé de bien des mystères. Par conséquent, les retrouver ferait faire un bon en avant à l’histoire concernant cet ancien peuple et de la Haute Nubie… et qui ferait plaisir également aux scientifiques de tous poils et qui rendrait riche son inventeur.

 

Antony est inquiet, car il piétine dans ses recherches. C’est pour lui incompréhensible. Pourtant il est quasiment sûr de fouiller au bon endroit. Il sait que chaque jour qui passe, coûte beaucoup d’argent et lui fait baisser sa côte.

Demain, il révisera toutes ses notes, ainsi que les écrits et les paquets de documents qui ont été mis à sa disposition par les deux grands musées. De plus, il est harcelé tous les jours ou presque, par le service culturel du Caire… et en particulier par son directeur adjoint, Monsieur Ahmed SHETATA, qui a les pleins pouvoirs. Égyptien dans la cinquantaine bien sonnée. Carriériste aux dents longues et très envieux. Homme politique et homme d’affaires souvent douteux, ayant de grosses ambitions au sein du gouvernement de son pays.

 

La nuit est maintenant complètement noire, lorsqu’un de ses compagnons de fouilles l’interpelle… le faisant sortir de ses méditations ennuyantes. C’est Kémi, son fidèle serviteur… ou plutôt, son fidèle secrétaire… ou bien encore, la personne qui a été mise à sa disposition pour le servir et l’aider dans ses tâches journalières. Kémi est un homme de 55 ans qui connait parfaitement la région, puisqu’il y est né. C’est un Nubien de pure souche. Kémi veut dire « le noir » et c’était le surnom d’Osiris, dieu de l’antiquité égyptienne. Il a perdu sa femme et ses deux enfants lors d’un naufrage de bateau sur le Nil en crue, il y a quinze ans. Il a traversé une très longue période de désespoirs profond. Un ami qui travaille aux fouilles depuis des années l’a fait rentrer dans l’équipe. N’ayant pas de diplôme particulier, il sert ceux qui ont besoin de lui. Sorte de valet ou de boy qui doit rendre la vie de son maître… ou de son patron, plus facile. C’est un homme de cœur, gentil et serviable, extrêmement correct, poli, dévoué, et qui possède de grandes qualités morales.

Kémi s’inquiète du moral de son Patron. Il n’aime pas voir les gens qui se sentent mal.

     Il est tard Patron… Vous ne vous couchez pas ?

     Si, bien sûr Kémi… Je réfléchis.

     Une tasse de café ?

     Non merci Kémi… c’est gentil… Mais j’ai encore beaucoup de travail qui m’attend… et je dois me lever tôt avant les grandes chaleurs de midi.

Antony a une grande estime pour son serviteur dévoué. Il le respecte et fait tout ce qu’il peut pour lui rendre la vie, à lui aussi… plus facile.

Sur ce, les deux hommes de disent bonne nuit et se séparent en direction de leurs chambres…

Chambres qui ne sont pas vraiment des chambres comme on les connait, entre quatre murs, un lit, une lampe de chevet… Non, là, c’est plutôt du style « camping ». C’est une série de grands marabouts en grosses toiles kaki, venues d’un stock de l’armée russe il y a plusieurs années.

Antony loge dans l’une d’elle. Il a tout ce qu’il a besoin… même une salle de bain !... Baignoire en fonte et eau chaude qu’il faut faire chauffer sur le grand feu de bois qui se trouve au milieu du campement. Les hommes se salissent rapidement et il y a beaucoup de poussière. L’eau froide vient du Nil… mais l’eau buvable vient d’une petite source qui se trouve à une heure de marche… 10 minutes en voiture… dans une petite montagne, plus à l’est.

Kémi dort juste à coté, dans une tente moyenne. Antony a exigé qu’il puisse avoir lui aussi, un maximum de confort.

 

La nuit a été mouvementée pour Antony. Il a passé toute une partie du temps à élaborer des plans, comme une obsession, pour retrouver ces tablettes. Il a dormi en pointillé. Puis il a fait un rêve… plutôt une sorte de cauchemar !

Dans son rêve, il était en train de creuser le sable avec ses mains nues. Plus il creusait, plus le trou se rebouchait. Il devait accélérer ses mouvements pour que le sable ne puisse plus redescendre.

Ses mains étaient en sang, lorsqu’il dégagea une trappe en bois. Qu’il ouvrit… Trappe en bois qui était devenue entre temps, en plastique. Il arriva dans une grande pièce totalement vide. Dans le fond de cette pièce qui était très propre, sans un grain de poussière, il y avait une autre trappe en bois. Il l’ouvrit… plusieurs marches s’engouffraient dans le noir. Puis d’un coup, des torches s’allumèrent.

Surprise !... Il était dans la cabane de jardin à son père. Des outils de jardinage étaient adossés sur les murs. La pièce était remplie de toiles d’araignées et de poussière… Beaucoup de poussière !

Il se demanda pourquoi il se retrouvait là !... Sur sa droite, sur un mannequin en jonc où il y avait dessus, un vêtement de femme. Sorte de robe en toile de lin blanche très lumineuse, avec de longs rubans de soie rose… et pour couvrir le tout, un large chapeau de paille en lambeaux.

Puis dans le fond de la pièce, une sorte de malle en bois entourée de fils de fer barbelés recouvert de toiles d’araignées. Alors, avec ses mains déjà en sang… il enleva les fils en tirant vigoureusement dessus, qui claquaient comme des vieux élastiques. Il ouvrit le couvercle, mais il découvrit qu’un tas de poussière. Il fouilla dedans, puis retira sa main vigoureusement car quelque chose à bouger ! C’est un serpent qui jaillit du tas de poussière, crachant et menaçant, puis s’évapora en poussières.

Antony fit un pas en arrière. Puis refouilla encore et sentit des objets plats. Il tâta… retâta encore… et soudain il comprit :

     Ce sont les tablettes !

Mais au moment où il allait se saisir de l’une d’elles, une voix puissante s’écria dehors.

     Antony… Antony, vous êtes là ?... Je sais que vous êtes là !... Montrez-vous !

Il reconnaît tout de suite la voix menaçante et autoritaire du directeur adjoint à la culture !

Antony se réveille brusquement. Il est en sueur et le cœur battant,.

     Quel rêve idiot ! Avait-il dit, en s’épongeant le front.

 

Sa nuit a été un enfer. Antony a toujours envie de dormir et il se sent nerveux. Mais il faut se remettre au travail.

Pendant qu’il déjeune… Antony pense à ce maudit cauchemar. Que pouvait-il bien signifier ?

     C’est totalement absurde. Je suis trop obsédé par ces recherches !

Kémi se rend bien compte de l’état de son patron, mais ne dit rien. Il le sert en silence, comme à son habitude. Pour lui, c’est une journée comme toutes les autres.

 

Il était presque 11 h. Antony vient de remonter d’un puis, lorsqu’il entend le bruit d’un moteur d’hélicoptère.

     Ça… c’est le directeur adjoint ! dit-il d’un air agacé.

L’engin volant se pose soulevant une tempête de poussière… Et en effet, c’est Monsieur Ahmed SHETATA qui vient pour la unième fois, lui rendre visite.

 

Les deux hommes s’opposent.

Le directeur belliqueux est en costume blanc, très blanc… Chaussures noires et blanches et un borsalino blanc avec un ruban noir, comme dans les années 30… Très chic, très propre sur lui… Il ne lui manque que la canne en ébène et pommeau en boule d’ivoire !

Antony lui, est couvert de poussière. Veste et pantalon usés en toile beige ou gris, style militaire… une grande écharpe légère, anciennement blanche, jaunie par la sueur autour du cou, des chaussures en toile pour la randonnée et un chapeau en cuir marron/gris très sale et quelque peu déformé.

Antony retira ses gants de cuir jaunis et troués pour saluer le directeur, qui retient son chapeau de sa main gauche pour ne pas qu’il s’envole.

Ce matin, il y a du vent… et donc, beaucoup de poussière !

Antony teint son foulard devant son nez et sa bouche, pour ne pas respirer cette poussière fine et pénétrante.

     Bonjour Monsieur l’archéologue. Fit le directeur en plissant des yeux.

     Bonjour Monsieur. Répéta Antony.

     Il n’y a pas un autre endroit pour parler ?...

     Si. Venez… Allons dans cette tente.

Une fois à l’abri du vent, les deux hommes se retrouvent dans le calme. La toile de la tente s’agite par à-coups. Les piquets et les cordes grincent et gémissent, subissant les assauts puissants des rafales.

     Quelle tempête !

     Oui… Elle a été annoncée… Elle risque de durer un moment.

Les deux hommes se regardent et se jaugent, car ils ont des rapports qui sont toujours tendus.

     Cette tempête ne va pas nous aider. Enchaîna Antony.

Le directeur s’essuie le visage avec un mouchoir blanc en tissu. Il prend un air sombre des mauvais jours et semble se concentrer. Son visage est tendu.

     Voilà. Nous devons parler. Mais avant de poursuivre, il demanda de l’eau à Antony.

Antony lui fait un signe de la tête, lui désignant une carafe et un verre sur la table, là.

     Bien. Merci. Antony, ce que je vais vous dire ne va pas vous faire plaisir.

     Dites toujours.

Le directeur adjoint explique que les résultats ne donnent pas satisfaction, et que par conséquent, il faut revoir toutes les clauses du contrat. Que la direction lui a fait suffisamment confiance, mais qu’ils sont désormais déçus, car les objectifs espérés n’ont pas été atteint. Beaucoup d’argent a été englouti pour rien et sans de résultat !

Antony explique qu’il y a eu beaucoup de malchance, car des puits se font effondrés, des réserves ont brulées, et du matériel a été probablement volé ! Beaucoup d’évènements étranges se sont passés. C’est incompréhensible car ces faits sont restés inexplicables.

Pourtant, Antony affirme qu’il est totalement certain d’être au bon endroit.

     Des vols ! Répéta le directeur adjoint.

     Oui… très exactement. Reprit Antony, affirmatif.

Il cite le cas où ils ont découvert en fin de la journée d’hier, une malle en bois d’environ 60 cm de long, 35 de large et 40 de hauteur, sculptée, assez banale, dans une petite chambre funéraire. Elle était posée sur une stèle en pierre. Pour protéger la malle, il y avait une natte en papyrus. Il était déjà très tard, alors nous avions pris la décision de revenir que le lendemain matin pour l’examiner.

     Hé bien, lorsque nous sommes entrés à nouveau, la malle avait disparue !

A croire que quelqu’un souhaite faire échouer cette entreprise ! Reprit un Antony très énervé.

Monsieur SHETATA semble étonné et se frotte le menton.

     Vous pensez donc qu’il y aurait des voleurs ici ?... Vous pensez qu’il y aurait une personne qui ne souhaite pas que vous puissiez trouver ces foutues tablettes ?... Vous vous moquez de moi ?...

Dit-il en colère.

Antony essaie de garder son calme, et répond calmement que oui, effectivement.

Le directeur tourne sur lui-même. S’énerve et gesticule en faisant de grands gestes.

     Pas la peine de vous énerver comme cela !... Il faut mener une enquête, voilà tout !

     Une enquête ? Et puis quoi encore ?... Vous croyez que l’on vous donne de l’argent pour ce genre de bêtises ?

Antony ne lui donne pas de réponse, tente de rester calme et reste silencieux.

     De toute façon… Reprit le directeur adjoint… J’ai décidé de faire un Audit de ce chantier… Et on verra bien !

     Un Audit ? S’exclama Antony hors de lui et qui ne peut plus se retenir.

     Hé oui mon petit bonhomme !... Nous allons savoir si ces recherches valent vraiment le coup, et si vous n’êtes pas un de ces charlatans d’archéologues !

Antony qui était assis sur le rebord de la table, se relève brusquement car s’était trop !

     Vous vous permettez bien des choses Monsieur SHETATA, soyez respectueux au moins, directeur de mes deux !... à défaut d’être intelligent !

Les deux hommes sont en rages et la tension monte. Ils commencent à se jauger dangereusement.

Ils ont prêt à en venir aux mains.

Soudain, Kémi entre dans la tente, et les sépare. Il était moins une !

     Messieurs !... restez calmes !

     Vous avez raison… Je ne veux pas me salir ! Balbutia le directeur…adjoint.

Le directeur reprend une allure plus fière et plus droite en tentant de montrer qu’il maîtrise son calme.

     Demain arrivera ici même une personne experte pour ce genre de constat.

Restez totalement à sa disposition, montrez lui tout le chantier, vos projets, vos découvertes et répondez à toutes ses questions. C’est un ordre !

Kémi retient avec beaucoup de mal Antony qui n’en peut plus… Il souffle comme un buffle qui va charger. Puis, le directeur arrogant tourne les talons, réajuste son chapeau, brosse son costume blanc du revers de la main, qui a failli devenir vite sale… si Kémi n’était pas intervenu à temps.

     Salut ! Et l’homme en blanc disparaît dédaigneusement.

Antony est rouge violacée de rage.

     Quel pourriture cet homme !... Je suis certain que tous nos problèmes viennent de lui !

Kémi tente de calmer l’archéologue en lui disant que cela ne vaut pas le coup de s’emporter comme cela. Que demain, il avisera… et qu’il trouvera très certainement un arrangement… et que le travail reprendra normalement.

Petit à petit, Antony a retrouvé tout doucement son calme. Il s’est assis et boit un verre d’eau tiède.

     Pouha !... S’écria Antony. Tout est pourri ici !

Kémi le regarde et se met à rire. Antony admet sa colère inutile et se met lui aussi à rire.

     Allez !... Demain est un nouveau jour !

Les deux hommes qui s’apprécient se lèvent, et retournent au labeur dans la poussière et le vent, bras dessus, bras dessous, en se tapant sur l’épaule. La tempête est toujours là et lamine le campement par rafales. Difficile de travailler dans ces conditions.

 

Les coups de vent n’ont pratiquement pas cessés de la nuit. Le calme est revenu que vers les 5 h du matin. Pas facile de dormir dans ce caprice de la nature… avec sans cesse des craquements et des claquements.

Ce matin, il règne une ambiance morose dans le campement. Les hommes sont fatigués, pour ne pas dire épuisés. De son coté, Antony n’a pas vraiment le moral et se demande quand arrivera cette personne payée pour tout démonter.

Il sait que le chantier tourne mal… Il y a du découragement dans l’air, et tous les professionnels et tous les volontaires de ces fouilles improbables n’y croient plus.

Où sont ces tablettes ?... Où peuvent-elles bien être ?... Que sont-elles devenues ?

 

Antony termine son petit déjeuner, lorsqu’il entend un véhicule pénétrer le campement.

C’est un gros 4x4 japonais. Il s’immobilise. Le chauffeur sort rapidement, contourne le véhicule, ouvre la portière, et une femme sort. Elle est en robe blanche, légère qui s’envole au vent, recouverte d’un châle rose et or, et un chapeau de paille pour se protéger du soleil. Très élégante et gracieuse.

Antony remarque sa peau teinté et ses cheveux noirs. Elle tient dans sa main une serviette marron.

     Que cette femme à l’air décidée !… Dit-il, écœuré.

Dehors, la femme s’adresse à un homme qui s’affaire à son travail.

     Bonjour Monsieur… Pardonnez-moi… Je voudrais voir Monsieur Antony, l’archéologue et le responsable de cette mission ! Fit-elle, d’un ton haut et très sûr, qui donne l’impression d’être une femme de décision.

L’homme indique à la femme la direction où se trouve Antony. Après un « Merci » très bref, elle parcourt les quelques trente mètres qui les séparent.

     Monsieur Antony ?

     Oui Madame, c’est bien moi.

     Je voudrais voir aussi l’archéologue ainsi que le responsable de ce campement. Merci de bien vouloir les appeler.

Antony est surprit du ton hautain que cette femme a pris.

     Bonjour ?...

     Heu… Oui, Bonjour… Reprit-elle, un peu gênée.

     Nous sommes tous là. C’est moi. Je suis les trois à la fois Madame. Madame ?...

     Madame Mwayé MOUBARAK. Experte en Audit. Je travaille pour le compte du service culturel du Caire. Je suis mandaté et j’ai les pleins pouvoirs.

En tendant maladroitement la main à Antony.

     Oui… Je sais… Je dois vous montrer tout le chantier et me mettre entièrement à votre disposition. Je sais. Monsieur SHETATA, le directeur adjoint, m’a déjà mis au parfum.

Antony est amer et répond d’un ton sec et peu aimable. Il sent que cette entrevue sera difficile.

Et comme elle est mandatée par l’adjoint lui-même… elle aura donc reçue des ordres bien précis.

Antony a aussi remarqué que la dame était d’une beauté rare… Ses yeux noirs très profonds de caractères, ne le laisse pas insensible. Cette dame possède énormément de charme.

Sous ses airs de femme forte et autoritaire, il doit y avoir sous cette carapace une personne tendre et douce… et aussi certainement fragile.

Pendant quelques instants, leurs regards se fondent. Œil bleu contre œil noir… lequel sera le plus fort ?

Après cette minute de trouble… des deux côtés d’ailleurs… Antony brosse légèrement sa tenue et l’invite à prendre la direction des opérations.

     Je suis à votre service Madame. Dit-il d’un ton ironique tout en faisant un geste de danseur.

Vous êtes de la famille du Président ? (Mohammed Hosni Moubarak).

     Non. Rien à voir. Répondit-elle d’un ton sec.

     Ho pardon ! Antony part dans un fou rire !

     Pourquoi riez-vous ?

Antony lui explique que la situation est ridicule. Qu’elle n’a pas besoin de prendre un ton aussi sévère et si dur.

     Nous ne sommes pas des ennemis et si nous devons collaborer ensemble pour mener à bien votre travail. Faisons la paix maintenant, ainsi tout se passera bien. Croyez-moi. Vous n’avez rien à craindre de moi.

Antony a retrouvé son calme et se veut rassurant.

La femme sourit… hoche la tête et s’immobilise.

     Vous avez sans doute raison. C’est ridicule.

     On fait la paix ?

     C’est d’accord ! Fit-elle en souriant. Ils se serrent la main d’une manière plus chaleureuse et plus énergique que La première fois.

     Appelez-moi Antony.

     Moi c’est Mwayé. Et je n’aime pas ce nom.

     Pourquoi ?

     C’est comme ça ! Dit-elle d’un ton bref.

     Mwayé… Mwayé… Ce n’est pas d’origine Nubienne ?... C’est je crois, un prénom qui était utilisé dans la très vieille Egypte.

Mwayé est surprise par tant d’érudition.

     Oui, c’est exact… Comment savez-vous cela ?

     Ha, mais c’est mon métier Madame Mwayé de connaître tout ce qui se rapporte à l’antiquité !

Ils se mettent à rire ensemble de la situation. Cela détend l’atmosphère qui commençait à être un peu lourde. Antony sent son parfum l’envahir, comme si il y avait formée une spirale autour de lui.

     Vous allez rester combien de jours parmi nous ?...

     Je ne sais pas… Le temps qu’il faudra. Dit-elle mélancolique.

Sans le savoir, Mwayé se sent désormais bien auprès d’Antony. Et c’est la même chose pour lui !

Tout ce qu’elle sait, ou se doute un peu… c’est que cette fois, sont travail ne se déroulera pas comme toutes les autres enquêtes.

 

A partir de ce moment là, ils ne sont plus quittés de la journée. Antony l’a emmené partout.

Elle a d’abord visitée tout le campement… Les équipements, les installations, l’intendance… vérifiée le confort, les commodités… etc. Puis, il lui a fait visiter les fouilles et des endroits merveilleux qu’elle n’imaginait même pas.

 

Assis tous les deux sur une balustrade en bois. Antony est intarissable sur l’Egypte et sur l’histoire de ce peuple Nubien. Curieuse et interrogative, Mwayé pose et repose des questions sur les mystères de la Nubie. Antony tente de lui donner des réponses à la hauteur de ses questions, voire plus.

     Etymologiquement, le mot « Nubie » apparut au Moyen âge et semble être issu du mot : Nobade… Peuple tribal qui envahit le royaume de Koust vers 400 av J.C., puis qui fut converti au christianisme au VIème siècle après J.C. Formant ainsi des royaumes dits « Nubiens ». Aujourd’hui, ces nobades vivent aux environs de Khartoum et ne sont pas à confondre avec les Nubiens qui sont localisés vers Kom Ombo et Assouan… Ceux-là parlent un tout autre dialecte.

     Il y a un rapport avec les anciens Egyptiens ?

     Oui, bien entendu. Reprit Antony. La Nubie antique fut longtemps un centre d’intérêt capital pour l’Egypte. Par ses ressources minières (Or, argent, cuivre, améthyste ou diorite… Mais également l’ivoire, l’ébène, les peaux de panthères, les plumes d’autruches…) Qui regorgeaient les entrailles de ce vaste espace caniculaire. Puis enfin, par ses hommes réputés pour leurs habilités à manier l’arc. Toutes ces richesses entraîneront les Egyptiens à mettre en place une politique visant à coloniser ces contrées, pour en tirer le meilleur profit.

Nommée « Ta-Sety », nom Egyptien signifiant : Pays de l’arc, ou Ta-Khenes. Ou bien encore : Terre courbée. Décrivant essentiellement la région entre Thèbes et Assouan.

L’Egypte éternelle, c’est eux… les Nubiens !

     Il y a deux Nubie ? Continua Mwayé, toujours très curieuse.

     Effectivement. « Wawat » pour la Basse Nubie, et « Koust » pour la Haute Nubie, dans la région de Kerma. Constamment confrontés à ce peuple rebelle, les Egyptiens l’assimilèrent à la Nubie. Le Soudan actuel englobe le Sud de la Nubie antique. L’histoire de la Nubie est jalonnée d’étapes de conquêtes et d’indépendance.

     Et les Ethiopiens ?...

     Le terme « Ethiopie » est apparut sous les Grecs, et cela signifiait : Les Têtes Brûlées. A cause de la couleur de leur peau.

     Mais pourquoi ces tablettes sont si importantes pour vous ?

     Pour moi et pour toute la science archéologique… Pour le bien de l’humanité, mais aussi pour le respect de ce que les anciens nous ont laissés… Ces tablettes sont uniques car elles sont en quartz noir. D’un noir argenté, très brillant et extrêmement solide. Et le mystère est de savoir comment ils ont fait pour graver ce matériau si dur… Et aussi, où l’ont-ils trouvé ?

     Du quartz noir... ça existe en noir ?...

Antony se met à rire gentiment, sans vouloir se moquer. Il lui explique que le quartz existe dans beaucoup de couleurs… Du cristal totalement transparent, jusqu’au plus foncé. En fait, cela dépendait de la nature du sol et du gaz qui l’environnent.

Antony continu d’expliquer des tas d’objets curieux qui ont été fabriqués dans le passé.

Mwayé l’écoute, bouche entre ouverte.

A cet instant, elle ne pense plus à son travail… car elle boit littéralement ses paroles.

Au bout de plusieurs minutes, voire des quarts d’heures… elle se souvient qu’elle a du travail à faire et une enquête à instruire.

     Bon. C’est très intéressant tout cela… mais j’ai du boulot ! Alors, elle se lève… réajuste sa tenue, et reprend son bloc note. On y va ?

Antony amusé et en même temps charmé, obéit sans broncher.

 

L’enquêteuse a passée sa première nuit sous une tente tout confort. Pas plus rassurée que cela…

Elle s’en endormie en rêvant aux mystères de la Nubie et aux objets précieux qu’on laissé toutes ces anciennes civilisations.

La nuit est lourde et profondément noire. Elle est tapissée de milliers d’étoiles scintillantes. Le Nil glisse son encre en silence. Certaines vies se sont endormies. Seuls, les animaux nocturnes s’activent.

 

La deuxième journée est consacrée à l’étude des cahiers… Devis, achats, dépenses diverses… etc. Bref, tout ce qui concerne la comptabilité.

Mwayé doit tout contrôler. Du sol au plafond… De la cave grenier au grenier.

Contrôler les compétences, les méthodes employées… La gestion économique et du management… La nature des résultats des activités. Elle doit recueillir toutes les informations objectives, afin de tenter de déterminer si les actions menées respectent bien les procédures… et si l’entreprise est efficiente ou non.

Ce n’est pas simple et il faut viser juste. Surtout ne pas se tromper !

 

Dans l’après-midi, alors qu’ils visitaient tout en ensemble de vieilles pierres… ou plutôt, des anciennes pyramides… Monsieur SHETATA fit son apparition dans le même costume blanc, comme par enchantement. Sans un bonjour, il s’adressa directement à Mwayé.

     Alors ?... demande t-il d’un air moqueur et hautain… On ferme ces fouilles quand ?

Mwayé le regarde étonnée… et lui demande s’il avait d’autres questions idiotes de ce genre à lui poser.

Visiblement vexé, le directeur… adjoint, grimace, et reprent son air habituel, c'est-à-dire une figure d’homme sombre et hargneux.

     C'est-à-dire ? Furieux !

     C'est-à-dire qu’il faut poursuivre l’enquête, et peser le pour et le contre. Je n’ai pas terminée.

     Comment pas terminé !... Bégayant d’autres mots incompréhensibles. Tu auras terminé quand ce chantier ?... Quand va-t-on fermer ce cirque de guignols ?

Antony qui assiste sans rien dire à la scène est très étonné du comportement de cet homme.

Très curieux, il demande à Mwayé pourquoi cet homme la tutoie.

     Je vous expliquerais cela plus tard. Dit-elle visiblement très agacée.

Puis d’un coup, elle se mit en colère contre ce directeur irrespectueux et lui lâcha des paroles dures et méprisantes comme une pluie de cailloux.

Un échange style « ping-pong » et de certains mots d’oiseaux plus tard… Ils sont chacun dans leur coin du ring, et ils s’observnt… Ils semblent bien se connaître.

Antony ne comprend pas ce qu’ils disent, car ils se sont éloignés pour ne pas que l’on soit témoin de leurs mots acides et de leurs phrases coupantes comme des poignards.

Ça ressemble à une scène de jalousie.

Puis soudain, l’homme toujours de blanc vêtu fait demi-tour, et repart comme il est venu !

Mwayé est restée seule. Elle est assise sur une pierre et pleure tout ce qu’elle peut dans ses mains qui enveloppent son visage. Antony s’approche d’elle, lui pose sa main gauche sur l’épaule et lui demande.

     Ça ne va pas ?...

Alors, entre deux « sniff »… Elle répond que oui. Cela ne va pas… En effet, ça ne va plus !

Antony s’assoit à côté d’elle, gardant sa main sur son épaule, puis garde un instant de silence comme pour respecter ce dur moment d’émotion.

     Je préfère lorsque vous riez !... Dit-il sur un ton maladroit. Vous êtes tellement belle lorsque vous souriez !

Mwayé se retourna vers Antony. Ses yeux sont rouges et des larmes coulent sur ses joues cuivrées.

Antony, d’un geste lent et tendre, recueille avec un doigt une larme qui allait tomber. Puis, essuie sa joue avec son pouce… tout en douceur.

     Dites-moi Mwayé… Dites-moi ce qui se passe avec cet hurluberlu ?

Entre quelques « sniff » et des « gnouff », Mwayé balbutie quelques mots incompréhensibles, tellement sa gorge est serrée.

     Comment ? Fit Antony qui n’a rien compris.

     Pardon. Cet homme a été mon mari. Nous sommes divorcés depuis cinq années, après avoir vécu ensemble deux années. Deux très longues années !…  Il me harcèle toujours de ces méchancetés blessantes. Cet homme est profondément mauvais. Il m’a fait une crise de jalousie envers vous.

C’est un malade !

     Mais pourquoi ?... S’étonne Antony.

     Parce c’est un malade je vous dis !... C’est un jaloux maladif. Il envie tout le monde, et il veut tout ce qu’il n’a pas et que les autres ont !... Il est dangereux, méfiez-vous de lui.

Antony écoute attentivement Mwayé raconter sa pitoyable histoire avec cet individu.

Puis il ose passer ses bras autour de ses épaules et l’attire contre lui. Elle ne se défend pas et se laisse aller contre sa poitrine qui sent la poussière… et loge sa tête dans son cou. Puis elle pleure.

Ils restent immobiles pendants de longues minutes, et personne ne s’en plaint.

Quelques instants plus tard et plusieurs mouchoirs en papiers mouillés, en tas sur ses genoux… Mwayé semble s’être calmée. Antony lâche ses épaules en douceur et la regarde. Ses yeux noirs brillent comme la surface du Nil. Avec un mouchoir en papier neuf, il essuie les dernières gouttes qui perlent encore sur ses joues rougies. Mwayé se lève… se réajuste un peu… se sent quelque peu gênée… ou plutôt, un peu troublée par la gentillesse d’Antony qu’elle trouve beau, doux et respectueux. Elle le fixe tendrement dans les yeux et lui dit :

     Merci. Merci Antony de votre indulgence et de votre gentillesse.

     Je n’aime pas que les femmes que j’admire et qui me troublent, pleurent.

Et je n’aime pas que des vilains machos et vulgaires leur manque de respect. Je ne supporte pas la tristesse. Et encore moins que l’on puisse faire le mal… comme ça, par pur bêtise !

Alors ils se regardent tendrement en se souriant, puis se relève.

     Allez. La journée est terminée pour aujourd’hui.

En effet, la fin de la journée est proche. Il faut souper avant d’aller dormir.

Antony propose à Mwayé de souper avec lui, si elle n’y voit aucun inconvénient. Bien sûr, elle accepta de bon cœur. En parlant de cœur… Il est possible que leurs cœurs à eux semblent battent à l’unissons, et qu’il y a « anguille sous roche ».

 

La soirée s’est déroulée dans le charme et la douceur.

Après avoir soupé, ils se sont promenés tranquillement, côte à côte… comme deux adolescents.

Ils sont allés sur les bords du Nil prendre l’air frais… Ils ont regardés les étoiles. Antony a tenté les nommer, expliquant leurs légendes et leurs mythes par rapport aux anciens.

Sans se rendre compte, ils se sont pris la main… et ils ont partagés l’un contre l’autre, de longs silences dans la douceur de la nuit.

Le campement est endormi lorsqu’ils rentrent. Le feu continu de brûler au centre de la petite place improvisée. Le monde entier semble s’être calmé.

Antony accompagne Mwayé à sa tente. Ils restent un long moment, silencieux, debout face à face… ils se mangent des yeux.

     Bonne nuit Mwayé…

     Bonne nuit Antony… Faites de beaux rêves.

     Merci Mwayé, qui veut dire « lumière ». je crois… Donc je vais forcément faire de beaux rêves, car c’est de vous que je vais rêver. Vous venez d’illuminer ma vie.

Ils se regardent encore et encore, sans se lasser, longtemps et profondément.

Sans le vouloir et presque sans s’en rendre compte, leurs visages se sont rapprochés. Quelques centimètres les séparent… puis quelques millimètres. Jusqu’à ce que leurs lèvres se touchent.

Ils reculent instinctivement, puis reviennent. Tout doucement les bras le long de leurs corps, n’osant pas bouger. Leurs lèvres se touchent et se collent enfin… Pour finalement se laisser envahir par le trouble merveilleux de l’amour naissant et le désir irrésistible de l’autre.

Leurs mains, leurs bras et même leurs langues se soudent, s’entrelacent et s’entrecroisent… Les deux corps vibrent et réinventent une danse lente et lascive… Leurs yeux se ferment afin de mieux déguster le nectar subtil de l’amour. Les ventres et les genoux se cognent. Les corps s’effleurent, se touchent, puis se collent dans un même élan d’amour, de tendresse et de chaleur.

Le baiser qu’ils échangent est long. Très long !

C’est le temps qui s’arrête. Plus rien n’existe autour d’eux. C’est une autre vie qui est en train de naître.

 

Tout doucement ils se décollent et se séparent avec peine… C’est comme s’ils étaient deux plongeurs qui remontent des abysses en faisant des paliers obligatoires de décompression !

Puis, ils regagnent leurs tentes sans se quitter des yeux. Leurs doigts semblent collés… Leurs âmes et leurs cœurs sont prit dans un piège savoureux, tel un fil invisible qui les relierait.

 

La nuit a été bonne. Curieusement, tout le monde à bien dormi. La journée s’annonce chaude.

Généralement, après une tempête, la chaleur se fait plus rude… et avec plus de poussière !

Antony pense à cette malle qu’il a découverte dans ce Temple. Cette disparition lui semble bien curieuse. Qui aurait intérêt à voler ce genre d’objet ?...

Il décide d’y retourner. Peut-être trouvera t-il un indice quelconque sur place ?

Pendant que Mwayé dort encore, et qu’il est encore très tôt…Antony se rend seul au site.

 

Arrivé dans la chambre sombre et vide… Il n’y a plus d’autres objets depuis très longtemps à cause des pillards occasionnels.… Il retrouve la stèle où était posée la malle en bois sculptée.

Antony observe la stèle en pierre. Il remarque qu’il y a toujours cette natte en papyrus dessus avec l’empreinte de la malle. Machinalement, il soulève cette natte poussiéreuse… et il s’aperçoit qu’il y a des inscriptions gravées à même la pierre. Il frotte avec ses mains, et un petit pinceau qu’il a toujours sur lui. C’est un texte en méroïtique Ce fut la langue des pharaons noirs de la 25ème dynastie. L’alphabet méroïtique possède deux écritures distinctes. Le hiéroglyphe et l’autre, plus cursive.

Antony essaie de le déchiffrer. Au bout de quelques minutes, il réussit à avoir un texte complet qui veut dire à peu près ceci :

« Si tu n’es pas la connaissance n’ouvre pas ce reliquaire. Ton intrusion devra subir les morsures du cobra et être bannie à tout jamais du monde terrestre ».

Ce texte lui rappelle bizarrement le rêve qu’il avait fait la nuit dernière…

Il y a toujours, ou presque des textes qui annonce les pires choses, qui avertissent les gens trop curieux.

A cette époque, les gens étaient croyants et très superstitieux… mais aujourd’hui, plus personne n’a peur de ce genre de mots.

En rabattant la natte sur la stèle en pierre avec soin, il remarque dans l’angle de la pierre, au sol contre le mur, un petit outil formant deux embouts, l’un muni d’un crochet en fer, et l’autre, d’une petite brosse.

     Ho, mais ce n’est pas d’époque ce machin là !...

Antony prend l’outil dans sa main, l’observe attentivement et semble le reconnaître… Il est fréquent que les ouvriers se fabriquent des petits instruments personnalisés… Et celui-là… il se rappelle à qui il appartient ! Il saisit alors l’outil et le met dans sa poche. Puis décide de repartir.

Mais au moment où il veut faire demi-tour, quelqu’un le frappe avec violence avec un objet dur, sur le sommet de la tête. Antony s’évanouit.

 

Kémi arrose le visage de son patron avec son écharpe et de l’eau, qui peine à retrouver ses esprits.

     Patron !... Patron, réveillez-vous ! En donnant de petites claques sur les joues et le secoue par l’encolure de sa veste.

Antony ouvre un œil, puis deux. Il a terriblement mal au crâne.

Kémi l’aide à se relever… Antony s’assoit et Kémi regarde son crâne.

     Belle bosse !... S’exclama t-il ! Fort heureusement le chapeau a certainement amortit le choc.

Quelques instants plus tard, Antony se retrouve dans son marabout, assis sur un tabouret, la tête entouré d’un superbe et beau ruban blanc autour de la tête.

     Avec le chapeau, ça ne se verra pas ! Plaisante Kémi.

Mwayé fait son apparition affolée dans la tente, où elle a appris la nouvelle par les ouvriers.

     Antony… ça va ?

     Oui… je crois… Kémi m’a soigné et m’a fait un beau pansement. Regardes !... Il n’y a rien de grave. Rassures-toi. Mais cela fait mal quand même !

Elle le prend dans ses bras tendrement, mais Antony fait un geste montrant la présence de Kémi.

     Ne vous tracassez pas pour moi Patron… Qui a remarqué sa gêne. Je vous ai vu tous les deux hier soir. Et je trouve cela très bien.

Quelques bisous d’amoureux plus tard… Antony a repris ses esprits. Aussitôt, il pense à l’outil qu’il a mis dans sa poche. Il fouille… Plus rien ! Son agresseur l’aurait récupéré croyant certainement qu’il était mort. Malheureusement pour lui, Antony a vu l’objet et il se souvient à qui il appartient.

     Kémi, vient avec moi… et amène Mombo avec toi (Mombo est un gentil géant noir venant du Gabon… Une force de la nature et le gardien du campement).

Antony se lève, soutenu pas Mwayé.

     Je veux venir avec toi !

     Non, je t’en prie… cela peut être dangereux. Attends-moi ici… Je reviens très vite.

Les deux hommes sortent du marabout et se dirigent vers quelques ruines en fouilles, là-bas sur la colline et ils sont rejoint par Mombo. Arrivés, ils s’arrêtent. Un homme est en train de piocher le terrain à l’entrée d’une ruine d’un vieux Temple.

     Amahl ?... D’une voix forte.

L’homme se retourna, et, surpris… regarde avec un grand étonnement Antony.

     Amahl, peux-tu me prêter ton petit instrument… tu sais celui qui a une brosse et un crochet sur le même manche !...

L’homme effrayé semble chercher dans ses poches, puis sort l’outil en question… mains tremblantes.

     Dis-moi Amahl… tu ne l’avais pas perdu dans la chambre antique que l’on a découverte il y a deux jours ?... L’homme est très gêné.

     Heu… non ! Je… Je… il ne m’a jamais quitté !... Il a toujours été dans ma poche Patron !

     Ha bon !... Et tu peux m’expliquer pourquoi je l’ai vu dans cette pièce ?... Il était au sol, juste à côté de la stèle où la malle a disparue… Tu peux m’expliquer cela Amahl ?...

     Hé bien Patron… Je… Je ne comprends pas !... C’est surement un autre outil… L’homme ne sait plus comment faire pour échapper au questionnaire… Il est embarrassé.

     Ne cherche pas, va… Je sais qu’il y a qu’un outil de ce genre dans le chantier… Je sais aussi que c’est toi qui as volé la malle… Et que c’est encore toi qui as tenté de m’assassiner !

Antony se fâche et se met à crier fort, tout près du visage en sueur d’Amahl.

Kémi et Mongo sont de chaque côté, menaçants.

     Ce… Ce n’est pas de ma faute Patron !... Dit-il, en se cachant le visage avec son bras dans la crainte d’être battu.

     Alors… C’est la faute de Qui ? Repris Antony.

     Je ne peux pas le dire Patron… Il me tuerait !... Je vous en prie Patron… pardonnez-moi, mais je ne peux rien dire !

     OK… Alors Mongo va s’occuper de toi soigneusement.

     Non, non… pas lui !... C’est un fou !... il va me démolir !

     Répond donc à ma question, maudit traître !

     Bon… D’accord !... d’accord ! Vaincu.

L’homme avoua rapidement que c’était le directeur adjoint qui lui a donné de l’argent pour voler la malle… et qu’il était seul dans le coup. Qu’il devait la remettre à lui directement, et en personne.

Il avoua aussi qu’il avait suivi Antony, car normalement il ne devait pas retourner dans cette chambre antique. Mais Amahl recherchait son outil et décida lui-aussi alla visiter le lieu de ses délies… mais trouva Antony sur place. Comme il avait l’ordre d’éliminer Antony s’il découvrait quelque chose… Il n’a donc pas hésité à agir sans réfléchir davantage aux conséquences.

Par la suite, mais beaucoup plus tard, Amahl sera remis aux autorités. En attend, il est emprisonné et bien gardé dans une cellule improvisée, au fond d’un Temple Nubien.

Il fallait maintenant trouver les preuves que le directeur était vraiment le coupable. Et cela ne sera pas facile, car cet homme est un arnaqueur professionnel et très malin !

 

Entre temps, Monsieur SHETATA, le directeur a eu le temps pour faire arrêter les fouilles. Il a tout mis en œuvre pour faire arrêter les recherches et pour bloquer le chantier des fouilles.

Et c’est aucun scrupule qu’il arriva en fin de journée au campement, pour annoncer à tout le monde que le chantier s’arrêtait. Ne sachant pas ce qui s’était passé entre Amahl et Antony, il débarqua confiant dans son hélicoptère. Bien entendu, avec le bruit que cet engin fait, tout le monde a été vite au courant que le directeur arrivait sur le chantier. Antony et Mwayé aussi ont entendu.

     Faisons comme si rien ne s’était passé. Attendons qu’il parle.

     Tu as raison… Gardons nos distances… A deux, nous serons plus forts pour tenter de le coincer.

Rajouta Mwayé.

Comme à son habitude, l’homme est toujours aussi hautain et arrogant, le directeur commence à parler… sans dire bonjour, bien évidement !

     Bien !... Monsieur l’archéologue… Le site et le chantier est fermé ! Dit-il, d’un air satisfait.

     Mais je n’ai pas terminée mon enquête !... S’interposa Mwayé, étonnée.

     Mais si, mais si ! C’est terminé !... Aller Hop !... D’ailleurs pour toi, j’attends ton rapport dès demain matin sur mon bureau !

Antony reste silencieux.

     Mais pourquoi veux-tu aller si vite ?

     Je n’ai pas de compte à te rendre ma p’tite !... Je fais comme je veux !

     Mais Ahmed, tu n’as pas le droit !... C’est moi qui a les pleins pouvoirs sur cette affaire !

     Je m’en fou totalement !... D’abord, j’ai bien vu votre manège et je vous ai compris tous les deux !... Vous êtes de mèches !... On vous a vu hier soir… Vous étiez très proche… là… à vous coller... à vous ploter le cul  et à vous lécher la goule ! Tu es de son côté !... Tu enquête aussi sur la grosseur de son sexe ?... Salope !

Antony n’en peux plus, et projeta un direct puissant en pleine face du monsieur ! Et Paf !

SHETATA se retrouve sur ses grosses fesses, dans la poussière et le nez en sang.

     Il m’a brisé le nez cet imbécile !... Vous aurez de mes nouvelles !... Croyez-moi ! Ca ne se passera pas comme ça ! Criant comme un porc que l’on égorge.

Et il se relève, mettant son mouchoir immaculé sur le nez. Des tâches de sang décorent joliment sa belle veste et sa chemise blanches. Il s’agite, et fait un geste d’intimidation envers Mwayé, comme pour la frapper.

Et bing !... Deuxième coup de poing dans la figure toujours de la part d’Antony.

     C’est assez maintenant, espèce de malade !... Fout-moi le camp de mon campement !...

Hors d’ici !

Nous nous reverrons très bientôt, crois-moi, et plus vite que tu le pense, espèce de bandit !

Antony est vraiment très en colère… Mais Mwayé essaie de le calmer et de le retenir.

En attendant, l’homme au costume se retrouve encore une fois sur ses fesses, éclaboussant davantage de tâches de sang son costume blanc à points rouges.

     Je vais me venger !... Je vais vous mener une vie d’enfer à tous les deux… Bande d’harpies !

     Ne te fatigue pas… c’est déjà fait. Allez disparait de notre vue !

Il se lève avec beaucoup de difficulté… Titube… Personne ne l’aide bien sûr. Tout le monde le regarde et se mettent à rirent en se moquant de la situation incongrue et malfaisante de cet imposteur.

Il disparaît dans un brouhaha de rires et de « Hou ! » dans la poussière que produit l’hélicoptère.

Mwayé se glissa aussitôt dans les bras d’Antony.

     Tu sais mon chérie, il faut faire attention à lui, c’est un grand malade et un vaurien !

     Ne te tracasse pas ma lumière, nous arriverons bien à trouver des preuves pour le faire tomber.

Puis, ils s’échangent un long… un très tendre et très doux baiser.

Kémi appelle Antony.

     Téléphone du Caire !

     J’arrive !... Juste un dernier bisou à sa belle, et il court vers le marabout, suivit de Mwayé.

Au bout du fil, c’est le Musée du Caire.

     Qu’est-ce que c’est cette histoire ?... Les fouilles sont arrêtées ?... Pourquoi Monsieur SHETATA a t-il décidé de le fermer ?

     Pas de panique Monsieur le Directeur. Je vais vous expliquer la situation.

Et Antony raconte effectivement ce qui se passe réellement au site des fouilles… Les exactions et les malfaisances de SHETATA… Tout quoi !

Au bout d’un quart d’heure à peine… deuxième coup de téléphone.

Cette fois c’est le Musée de Londres. Mêmes questions… Mêmes inquiétudes !

Alors Antony expliqua une nouvelle fois toute l’histoire.

 

Mwayé est triste. Elle vient de comprendre qu’elle a été manipulée par Ahmed, son ex.

C’est un homme calculateur, envieux et vicieux. Il fait tout pour réussir ses projets, surtout les plus douteux. Gagner toujours plus d’argent et avoir les honneurs.

     Je ne vais pas faire cette enquête. Je vais tout dire à ma direction. Ils comprendront.

Depuis le début Ahmed te met des bâtons dans les roues. C’est ça que nous devons comprendre et savoir. Pourquoi met-il autant d’énergie dans cette affaire ?

     Tu as raison mon amour. Demain, nous irons ensemble au Caire et nous ferons notre enquête sur cet homme.

 

Ce bout de  journée n’a pas été simple.

Antony a encore mal à la tête. Mais dans les bras de Mwayé la douleur s’estompe… c’est l’effet « efferalgan ».

Après un thé et quelques biscuits bien mérités… Le nouveau couple d’amoureux se retrouve sur les bords du Nil. Ils se sont assis dans les dunes sous les quelques arbres. Il fait encore chaud. Heureusement l’air est rafraîchi par un petit vent léger, qui balance aussi les branches et les feuilles en les faisant vibrer… eux aussi. On peut entendre une douce et lancinante complainte.

Les cheveux défaits de Mwayé volent au rythme de la rengaine. Le tissu en lin blanc qui lui couvre le corps aussi… dégageant par instant une jambe, une cuisse ou une épaule. Le vent malicieux joue avec sa robe, au grand plaisir d’Antony. Sous la lune, sa peau semble nacrée de fines paillettes dorées.

Antony ne cesse pas de la contempler et de s’émerveiller en regardant Mwayé. Elle est magnifique.

Des felouques glissent tranquillement sur l’eau calme. Leurs images se reflètent dans l’eau-miroir, et forment de grands papillons géants qui planent sur le côté, au raz de l’eau avec élégance.

Cet endroit donne à l’ambiance un petit air de romantisme supplémentaire. Idéal pour la communion charnelle de deux corps qui s’attirent et d’amour qui vient de naître.

Mwayé est confortablement serrée dans les bras d’Antony, la tête délicatement posée contre son épaule. Leurs cœurs battent forts à l’unisson dans leurs poitrines. Un grand trouble les a envahi, et de grands frissons parcours leurs corps qui s’échauffent.

Antony se penche sur son visage… leurs regards se fondent… et leurs bouches se collent.

Le baiser dura longtemps… tout en douceur et volupté.

Antony ose lui caresser d’abord une épaule, puis le cou et puis enfin la joue.

Mwayé fait la même chose et les mêmes gestes dans un accord parfait de synchronisation.

Puis c’est le déchaînement de l’envie, du charme envoûtant et des gestes plus osés.

Ils ont passés une bonne partie de la nuit à s’aimer comme des fous.

Ils se sont trouvés et se découvrent dans l’amour.

 

C’est Kémi qui se lève toujours le premier… Toujours pour des raisons d’intendances, mais également pour organiser au mieux la journée d’Antony.

Mais avec ce qui s’était passé la veille… il était un peu désorganisé, comme un peu perdu.

Il est neuf heures lorsqu’Antony se réveille. Il s’étire et réalise que Mwayé est juste à côté de lui, dans le même lit. Nue, tout comme lui. Antony est heureux et très fier, car il pense sincèrement qu’il aime cette femme.

     Bonjour mon amour… Dit-il doucement, avec une légère caresse sur la joue.

Mwayé ouvre un œil, puis deux… et voit Antony tout proche d’elle. Elle sourit, elle est radieuse.

Le lit a gardé l’empreinte chaude de leurs étreintes. Nuit exceptionnelle… Folle nuit !

 

Ils sont en train de manger lorsque Kémi appelle Antony pour le téléphone. C’est la direction générale du service culturel du Caire.

     Mauvaise nouvelle !... Monsieur Ahmed SHETATA est décédé ce matin, très tôt.

     Décédé ?... mais de quoi ?

     On ne le sait pas encore. Il a du faire une sorte de crise cardiaque ou quelque chose de ce genre !

Et puis, il a laissé une lettre pour vous, qui disait : à ouvrir après ma mort.

     Il se serait suicidé ?

     Non. Je ne le pense pas. Il semblerait qu’une crise très forte l’a emportée.

     Et il aurait eu le temps de m’écrire ?

     Possible !

     Très bien. Nous arrivons immédiatement.

 

Effaré par cette nouvelle surprise et devant le côté exceptionnelle des évènements… Il demande l’avis à Mwayé, puis décident de partir ensemble au Caire.

     Merci de venir avec moi… Dit Antony, à moitié satisfait et à moitié déçu de la mort d’Ahmed.

Sans toi, ma vie était terne et triste. Aujourd’hui elle prend des couleurs et elle anime ma vie.

Je suis profondément heureux d’avoir pu te connaître.

     Non, merci à toi mon amour… Merci d’être là avec moi. Toi aussi tu bouleverses ma vie… je crois que je vais aimer cela. En ce qui concerne Ahmed, c’était une crapule, certes… mais il a été mon mari. Je me dois de lui rendre un petit hommage.

 

Arrivés au Caire, ils bondissent dans un taxi qui les mène directement au bureau de la direction culturelle. Pendant quelques minutes, Antony et Mwayé s’entretiennent avec le directeur général.

     Il est chez lui. Allons-y. Son appartement est à quelques rues plus loin. Dans un quartier chic, bien évidemment.

 

Quelques instants plus tard, ils se retrouvent devant l’homme. Il est allongé sur le lit, raide. Sa peau est violette, presque noire et son visage est crispé. Preuve qu’il a souffert avant de mourir.

     C’est curieux cette couleur… Vous ne trouvez pas ? Demande le directeur général.

     Effectivement. Répondit dubitativement Antony. Il devait y avoir un mélange d’arsenic et de curare dans ce gaz.

Mwayé regarde le cadavre d’Ahmed… pétrifiée. Elle reste figée par cette fin tragique.

Elle n’a pas de chagrin. Pas une seule larme ne sort… Aucuns regrets… Aucune tristesse.

Il y a une lettre sur la table de chevet, adressée à Antony.

     C’est pour vous Antony.

Antony se saisie de la lettre… L’ouvre et la lis d’abord en silence, puis à voix haute.

« Je vais mourir sans doute dans quelques instants. C’est moi qui a la malle en bois. Lorsque je l’ai ouverte, un gaz coloré a jaillit sur mon visage. Il y a les tablettes dedans.

Pardonnez-moi… Je voulais que cette découverte soit la mienne. Je voulais les honneurs et recevoir l’argent pour moi tout seul. Je reconnais que ce n’était pas la meilleure chose que je devais faire.

Vous trouverez la malle dans mon garage. Faites attention au gaz.

Encore pardon. Adieu ». Et c’est signé : Ahmed SHETATA.

Cette lettre est très mal écrite. Tremblante et incertaine. On peut sentir le malaise et l’horrible agonie l’envahir rapidement. La dernière phrase et sa signature sont pratiquement illisibles.

 

Le directeur général est rassuré. Justice est faite.

La trop grande soif de pouvoir de cette crapule aura subit la vengeance des anciens. Il n’était pas apte à recevoir ces tablettes. Avec le témoignage de l’ouvrier complice, Amahl… tout va s’éclaircir rapidement et tout reprendra sa place.

La malle sera prise en charge par un laboratoire spécialisé afin d’écarter tout danger de contamination. Puis les tablettes seront dirigées vers des spécialistes pour traduire les textes en méroïtique. Supervisé bien évidemment par Antony… l’homme du jour… l’homme à la une… l’auteur de la découverte extraordinaire.

Mwayé a retrouvée les bras d’Antony. Il est là son véritable avenir. D’être ensemble.

     Je vous félicite Antony pour votre sérieux et pour votre aide.

Pardon d’avoir douté de vous et de votre compétence.

Nous avons trouvé là un trésor inestimable, qui aidera à comprendre beaucoup de choses encore mystérieuses. Cette découverte servira je l’espère, toute l’humanité.

Après un temps de silence de part et d’autre… Le Directeur général reprend.

     Et puis je vous félicite aussi tous les deux. Sans vous deux, cela aurait été difficile de le démasquer. Vous formez un très beau couple. Je suis heureux pour vous. Je vous souhaite donc tout le bonheur que vous méritez.

Très émus, le couple répondra en cœur tout en se serrant l’un contre l’autre, simplement cette petite phrase : Merci Monsieur.

 

Antony et Mwayé ne se sont plus quittés.

Ils ont résolu une sombre affaire parce qu’ils étaient ensemble, car à deux on est plus fort…

A deux, on se sent plus armé pour affronter les affres parfois difficiles de la vie.

Antony connaît maintenant ce qui le mot « trahison » veut dire… Et il ne souhaite plus revivre cela.

Mwayé gardera encore sa profession pendant quelques mois… Juste le temps pour elle d’apprendre l’essentiel du métier d’assistante pour son nouveau patron et tendre compagnon. Alors elle démissionnera de son poste et elle collaborera efficacement à ses travaux.

Antony fera la une des journaux médiatiques, gagnera de l’argent… un peu plus qu’avant… Avec toujours à ses côtés, la belle Mwayé. Sa lumière et son amour. Ils connaîtront enfin le vrai bonheur.

L’amour s’est installé entre ces deux cœurs aux parcours très différents.

L’amour… véritable catalyseur qui uni et rassemble les êtres. Mais cet amour là, est unique.